L’Attaque des Titans : les raisons du succès

L’humanité à bout de souffle

Dans un futur pas si lointain, l’humanité a été presque entièrement anéantie après l’apparition de géants : les Titans. Hauts comme des immeubles, en apparence peu intelligents, ces créatures humanoïdes, virtuellement invincibles, attaquent les humains uniquement pour les décimer et obligent les rares survivants à se retrancher dans des cités derrière d’immenses enceintes. Eren Jäger, le héros de notre manga, a été traumatisé dans son enfance lorsqu’un titan, à l’allure d’écorché et trois fois plus grand que les autres, a pénétré les défenses de sa ville et provoqué un massacre. Eren a vu sa mère se faire dévorer et a juré depuis de lutter contre les Titans. Mais dans l’univers de Hajime Isayama, les forces humaines sont très sélectives et très organisées. Eren, élève doué et très motivé, intègre le bataillon d’exploration qui lutte contre les Titans à l’extérieur des murs. En compagnie d’Armin, Mikasa et de son frère Livaï, il va vivre des aventures dangereuses et trépidantes, faire sa place dans une armée qui ne fait aucun cadeau et découvrir petit à petit les origines et les faiblesses des Titans.

Un savoureux mélange des genres

Les mangas post-apocalyptiques avec des personnages jeunes et évoluant dans une organisation militaire sont légions. Aussi, beaucoup se sont demandé pourquoi L’Attaque des Titans en particulier avait été touché par la grâce d’un succès à la fois énorme et durable. L’Attaque des Titans se démarque avant tout par sa manière subtile de mélanger les genres et surtout de fédérer des publics différents. Plus que tout, il déplace les limites parfois artificielles qui imposent aux mangas des codes drastiques à respecter en fonction du public visé. Il n’est pas question ici de shônen (mangas pour les garçons), de shôjo (pour les filles) ou de seinen (pour les adultes) : le secret de la popularité de ce manga réside dans le fait qu’il est un peu tout cela à la fois.

Le héros par exemple est typique du shônen manga. C’est un orphelin animé par un profond désir de dépassement de soi pour atteindre des objectifs de puissance très ambitieux. Il est entouré par des personnages secondaires, où ce sont le plus souvent les filles qui tiennent le meilleur rôle. La compétence, l’autorité, le courage et l’efficacité au combat sont particulièrement incarnés par Misaka Ackerman et son frère Lïvai, qui possède un look androgyne parfaitement étudié pour plaire avant tout à un lectorat féminin. Enfin l’univers, d’une violence sans détour, et la richesse conceptuelle de L’Attaque des Titans ont su séduire un large public adulte fan de science-fiction ou d’action « hard-boiled » rarement vue en bande dessinée.

Les multiples déclinaisons de la série

La transposition rapide de L’Attaque des Titans en univers transmédia témoigne également d’un engouement sans précédent.

Culminant en France comme au Japon parmi les cinq meilleures ventes de mangas, le titre se décline aujourd’hui en mangas et romans dérivés, en série et films d’animation, en expériences de réalité virtuelle, jeux vidéo, attractions de parc à thème et même en adaptation cinématographique en prises de vue réelles : un blockbuster dont les deux parties ont enflammé le box-office nippon en août et septembre 2015.

En France, outre les 18 volumes parus du manga, les fans pourront se procurer les traductions de L’Attaque des Titans : Junior High-School, une version parodique du manga original, ou Birth of Lïvai, sur les années de formation du charismatique Lïvai Ackerman. Un autre manga dérivé, intitulé Before the Fall, paraît depuis la fin 2014, toujours aux édition Pika, et relate les débuts de l’invasion des Titans, près d’un siècle avant les événements du manga original. Enfin, pour ceux qui veulent explorer à fond la mythologie de la saga, le roman (light novel) Lost Girls est un recueil de trois récits autour des personnages d’Annie et de Mikasa.