Critique

L’échelle de Jacob, le roman du grand « Pourquoi ? » de Gong Ji-young

10 mars 2016
Par Frédérique
L’échelle de Jacob, le roman du grand « Pourquoi ? » de Gong Ji-young
©dr

Père Jean est prêtre dans un monastère en Corée du Sud. Il reçoit des nouvelles d’une femme qu’il a aimée, il y a 10 ans, quand il était séminariste. Le prêtre se remémore cette année décisive de son noviciat, une année qui lui a fait connaitre l’amour, a éprouvé son sens de l’amitié mais aussi sa vocation et sa foi.

Père Jean est prêtre dans un monastère bénédictin près de la ville de W en Corée du Sud. Il reçoit des nouvelles de So-hui, une femme qu’il a aimée, il y a 10 ans, quand il était encore séminariste. Le prêtre se remémore cette année décisive de son noviciat, une année qui lui a fait connaitre l’amour, a éprouvé son sens de l’amitié mais aussi sa vocation et sa foi. Une crise de vocation certes, mais de plein pied avec l’histoire contemporaine de la Corée.

La Corée du Sud, un pays chrétien

gong ji-young-l'échelle de jacob

On ne le sait peut-être pas assez mais le christianisme est devenu au XXe siècle la première religion en Corée du Sud, devançant le bouddhisme, avec environ 30 % de fidèles, en grande partie protestants. Cela étonnera peut-être le lecteur occidental, mais le dernier roman de Gong Ji-young, qui met en scène un jeune séminariste catholique au sein de son monastère, n’est donc pas vraiment atypique dans la littérature sud-coréenne contemporaine.

Doutes et questionnements

Une histoire de religieux amoureux, ce n’est pas nouveau. Mais Gong Ji-young n’a pas souhaité en faire le thème central de son roman. Cet amour fait partie de nombreuses interrogations auxquelles le frère Jean est confronté durant cette année de noviciat, des questions qui pourraient se résumer à un grand « Pourquoi ? ».

L’expérience de l’injustice, la perte d’êtres chers, les récits de la guerre entre les deux Corées faits par de vieux moines et par sa grand-mère, et cet amour pour une jeune fille mettent à mal l’innocence et les certitudes du jeune homme. Le pourquoi ne porte pas seulement sur le sens profond du malheur, de l’injustice, de la douleur, mais sur celui de l’acceptation, de l’amour et de la foi, pourquoi ou comment trouvons-nous la force de vivre, avec ou malgré tout cela ?

Un roman ancré dans l’histoire contemporaine de la Corée

Comme beaucoup d’écrivains sud-coréens, Gong Ji-young ne perd jamais de vue l’histoire récente de la Corée qui ne peut que marquer et influencer les destins individuels. À travers le parcours et les questionnements de Jean, l’auteure revient sur le drame de la guerre, de la division du pays et sur les années de dictature en Corée du Sud. Si l’on suit au plus près les états d’âme du héros, les difficultés du « monde extérieur » et l’histoire du pays font partie de ces questionnements. L’échelle de Jacob prend ainsi une dimension toute différente de celle d’une banale histoire d’amour ou d’une simple crise de vocation.

Gong-Ji-Young-Picquier

Note sur l’auteure :

Gong Ji-young est née en 1963 à Séoul. Elle fait partie de ce qu’on appelle la « nouvelle vague » des écrivains coréens. Ses livres traitent souvent de thèmes sociaux et politiques : l’égalité homme-femmes, la peine de mort, la condition ouvrière, la place des handicapés dans la société coréenne. Gong Ji-young est très populaire dans son pays autant pour ses qualités d’écrivain que pour ses engagements.

Paru le 7 janvier – 360 pages

Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Mélanie Basnel

L’échelle de Jacob, Gong Ji-young (Philippe Picquier) sur Fnac.com

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