ÉROTIQUE – Si vous êtes amateur de littérature pour adultes, vous connaissez forcément Françoise Rey et Esparbec. La première s’est fait connaître de manière retentissante en 1987 avec son premier roman, cru et érotique, « La femme de papier ». Le second un pornographe assumé considéré par beaucoup comme le tout meilleur du genre.
Ce sont ces deux auteurs que les éditions de la Musardine ont choisi pour lancer leur nouvelle collection, « Érotiques Contemporains ». La Femme de papier pour Françoise Rey et La Pharmacienne pour Esparbec inaugurent donc cette série de livres proposés au format broché et dans une présentation élégante. Dessin épuré (nous y reviendrons) sur fond coloré (rouge pour La Pharmacienne, bleu pour Françoise Rey), ce sont des livres osés que vous pourrez lire dans les transports en commun sans encourir le regard noir d’un vieux ronchon ou d’une dame puritaine.
Pour cette collection, La Musardine ne s’est pas contentée d’une simple réédition. Une première chose saute aux yeux en couverture et se retrouve dans les pages intérieures, c’est qu’il s’agit d’une édition illustrée par quelques dessins dont les connaisseurs reconnaîtront aisément la patte, je veux parler de celle d’Alex Varenne. Son style clair-obscur et sa façon inimitable de dessiner le corps de la femme apportent une indéniable touche de classe supplémentaire à la collection. Le dessinateur semble également adapter son trait au récit. Le dessin est plus réaliste sur le livre franchement pornographique d’Esparbec mais apparaît davantage suggéré sur le livre -un peu- plus érotique de Françoise Rey.
La collection dispose d’un autre atout, des contenus éditoriaux qui n’existaient pas dans l’édition originale. La Femme de papier s’enrichit ainsi d’une postface datée de 2013, mais aussi d’un entretien avec l’auteur par Mathieu Bermann, d’un petit extrait de la note de lecture de l’éditeur original, Franck Spengler (fils de Régine Deforges, pour ceux qui l’ignorent) et pour finir, une revue de presse de l’époque. Pour le roman d’Esparbec, tout de même écoulé à 50 000 exemplaires depuis sa sortie, on a droit à une postface dans laquelle il livre ses réflexions un rien désabusées sur la littérature pornographique et son évolution. S’ensuit un entretien avec Christophe Bier, et pour finir en annexe une reprise originale du chapitre VI avec les modifications apportées par l’auteur. La première édition de La Pharmacienne est en effet sortie dans la fameuse série originale des « Darling » sous le titre « La Nièce de la pharmacienne ».
Rappelons tout de même, pour ceux qui ne les auraient pas lu ou n’en auraient pas entendu parler, que La Pharmacienne relate les aventures scabreuses et très débridées d’une famille largement incestueuse et sans limites morales, tandis que La Femme de papier est le journal de bord sans censure d’une liaison moribonde entre une femme et son amant. Attention, ces deux livres abordent des pratiques et des situations qui pourront choquer un public même averti.
Avec cette collection, La Musardine entend donner ses lettres de noblesses à une littérature sous-estimée voire méprisée. L’idée d’ajouter des contenus additionnels, un peu à la manière des bonus d’un DVD ou d’un Blu-ray, renforce encore l’intérêt de ces ouvrages déjà passionnants en tant que tels. Une excellente idée, car nous attendons vivement la suite.
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Parus le 8 octobre 2015
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