Critique

Titeuf 14, l’âge de déraison

26 août 2015
Par Pieric
Titeuf 14, l’âge de déraison
©Zep/Glénat

BANDE DESSINÉE – Sans nouvelles de Titeuf depuis trois ans,l’impatience de retrouver les nouvelles aventures de notre héros à la mèche se teintait forcément, avec le temps qui passe, d’une certaine crainte. Le nouvel album sera-t-il à la hauteur ? Zep saura-t-il garder la fraîcheur, l’humour et l’insouciance qui caractérisent son personnage ? Rassurons vite les circonspects. L’auteur retrouve toujours avec la même envie, le même bonheur et la même verve le personnage qui a fait son succès.

Le monde mystérieux et peu ragoûtant de l’adolescence

Dans ce quatorzième album, Zep projette son héros dans le monde inquiétant de l’adolescence. Il le fait avec intelligence, se jouant avec habileté des codes de la BD, mais aussi avec cet humour ravageur, ce plaisir du bon mot et du décalage qui rend le discours toujours pertinent et éloquent. Pour cet album, Zep a opté pour un récit au long cours au lieu des traditionnels gags en une page. Mais le rire tombe toujours avec une régularité imparable, le scénariste aguerri qu’est Zep ayant l’habitude de parfaitement structurer et rythmer ses histoires.

Titeuf 14 extrait 2

On ouvre l’aventure sur un Titeuf qui, hors saison, porte un bonnet sur la tête. Cet accessoire masque en réalité un handicap, presqu’une émasculation : Titeuf a perdu sa mèche suite à une dispute entre ses deux « amoureuses », Ramatou et Nadia. Après avoir mené une réflexion alambiquée et somme toute logique dont seul Titeuf a le secret, celui-ci propose à ses deux prétendantes de partager sa présence pour amenuiser leurs jalousies. La réaction des demoiselles piquées au vif ne se fait pas attendre et Ramatou demande prestement à son ami de « grandir un peu » !

Pour Titeuf, cela signifie clairement d’entrer le plus rapidement possible dans le monde mystérieux et peu ragoûtant de l’adolescence. Il est ainsi prêt à tout : faire une cure de chewing gum à la testostérone, guetter la moindre transformation de son corps, comme les premiers boutons d’acné et les « poils de slip » qui poussent, aller étudier le comportement des ados à la sortie du lycée, voire même embrasser son amoureuse sans respirer et en se « léchant les bouches ». Bref, il se lance à corps perdu dans cette formation accélérée.

Titeuf 14 extrait 1

Les héros bédessinés ne vieillissent pas

De gags en gags, de situations rocambolesques en méprises hilarantes, Zep dresse autant la liste des questions d’un enfant qui a peur de grandir qu’un fulgurant portrait de l’adolescence. Chez Zep, pas besoin de téléphone portable ni de réseaux sociaux pour caractériser ces ados, simplement une acuité de tous les instants qui tient de l’observation anthropologique. On en viendrait presque à souhaiter qu’il nous concocte une exposition comme il l’avait fait avec succès avec son « zizi sexuel ».

Et puis, comme le vieux routier qu’il est, Zep ne déroge pas du code de la BD qui veut que les héros bédessinés ne vieillissent pas. Ainsi, c’est avec une certaine habileté qu’il se contente de jeter son personnage dans les prémices de l’adolescence sans pour autant que ce dernier prenne de l’âge. Comme Zep l’explique souvent : Titeuf ne vit ses aventures que par projection, sa vie de petit garçon étant somme toute des plus banales…

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Illustrations © Zep/Glénat 2015

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