Critique

Camille, mon envolée : le poème vibrant d’une mère à sa fille

20 juillet 2015
Par Victor
Camille, mon envolée : le poème vibrant d’une mère à sa fille
©DR

RENTRÉE LITTÉRAIRE – Camille, mon envolée est le texte que Sophie Daull adresse à sa fille, disparue en décembre 2013. La jeune adolescente, âgée de seulement 16 ans, s’en est allée après quatre jours d’une fièvre aussi foudroyante qu’inexplicable. Alors, sa mère a commencé à écrire. Écrire pour soulager sa peine. Écrire pour maintenir sa fille en vie un peu plus longtemps. Et le résultat est tout simplement magnifique.



RENTRÉE LITTÉRAIRE – Camille, mon envolée est le texte que Sophie Daull adresse à sa fille Camille, disparue le 23 décembre 2013. La jeune adolescente, âgée de seulement 16 ans, s’en est allée après quatre jours d’une fièvre aussi foudroyante qu’inexplicable. Alors sa mère a commencé à écrire. Écrire pour soulager sa peine. Écrire pour maintenir sa fille en vie un peu plus longtemps.

camille mon envolee

Retour sur l’un des livres de la Rentrée

Le roman commence le 9 janvier 2014. Près de deux semaines après la mort de Camille, décédée la veille de Noël après quatre jours insupportables de forte fièvre. Ce texte – ou « élégie », « lettre », « rapport »,  « poème », « devoir », « épitaphe », « suite de mots trempée dans une encre inconnue », « recueil qui recueille le sang tout chaud de la déchirure » – est celui de la mère de Camille, Sophie Daull, comédienne de profession. Sophie commence à écrire à sa fille pour ne pas l’oublier, de peur que le temps n’altère ses souvenirs. Mais elle écrit aussi pour lui parler, la maintenir en vie, contenir sa propre peine et ne pas plier sous le poids du chagrin.

Lorsqu’elle parle à sa fille, Sophie Daull adopte deux angles différents. D’abord, elle lui raconte les dix jours qui ont séparé son décès de son enterrement. Les pires jours, ceux qui suivent la mort de l’adolescente. Ensuite, elle lui narre comment, elle tente, aux côtés du père, de vivre malgré le chagrin. Alors, bien sûr, il y a des moments difficiles, ceux où Sophie Daull se rend compte de tout ce qu’elle n’aura plus le bonheur de partager avec Camille, de tout ce que sa fille ne fera plus – cours de théâtre, shopping, chant. Et puis il y a les moments plus calmes, plus doux, ces moments où la mère se confie à sa fille, rit, lui dit combien elle l’aime.

Cette alternance entre moments durs et moments doux est sensible dans le rythme imposé par la romancière, mais aussi dans le style des mots employés. Dans les moments durs, de colère ou de chagrin, Sophie Daull emploie des mots puissants, parfois violents ; tandis que dans les moments calmes, on sent davantage sa quiétude, voire sa mélancolie. Et, dans ces différents moments, l’auteure dépeint ses sentiments à l’aide de belles métaphores poétiques. Au final, tout ceci participe à rendre le roman vivant et attachant, puisque nous suivons de près les actes, mais aussi les sentiments que Sophie Daull a elle-même éprouvés.

Sophie Daull

© Dominique Journet-Ramel

Le poème d’une mère à sa fille

Ce livre n’est pas un requiem ou une oraison funèbre. Non. C’est un poème où la mère s’adresse à sa fille aimée. Sophie Daull y glisse parfois des notes d’humour, par petites touches, parce que, malgré tout, il lui faut continuer à vivre. Alors la romancière use de tous ses moyens pour continuer le combat, pour maintenir sa fille en vie.

Très vite, à force d’écrire, la mère se prend au jeu et n’arrive plus à s’arrêter. Ce qui devait être un simple texte pour soulager sa peine se transforme vite en roman, comme elle le dit elle-même :

« Je voulais écrire vite, jusqu’à ta mort, ton dernier souffle ; puis, allez, faisons durer jusqu’à ton enterrement, et puis voilà, ça ne s’arrête pas, ça ne s’arrêtera jamais – toi disparue n’a pas de fin. […] Le piège est béant, l’infini se dresse, comme une sirène d’ambulance dans la nuit. Comment finir d’écrire ta fin ? »


Une fois commencé sa lettre, Sophie Daull n’arrive donc plus à s’arrêter, peut-être de peur que sa fille ne parte vraiment pour de bon. Et si l’auteur n’arrive plus à s’arrêter d’écrire, alors il est impossible pour nous d’arrêter de lire. Il nous est difficile de sortir de cette spirale émotionnelle, invocatrice, tant nos sentiments sont mis à rude épreuve. Une fois le livre ouvert, nous sommes obligés d’en terminer la lecture, parce que, bien que dur, le texte est tout simplement vibrant, puissant, et nous transmet la force de combattre et de résister de Sophie Daull.

Riche en références (notamment théâtrales, passion que partageaient les deux femmes), ce roman se lit facilement, bien que le livre soit d’une dureté violente. Ce texte endeuillé est beau et touchant, et il n’est pas impossible que vos yeux s’embuent au cours de la lecture.

Le premier roman de Sophie Daull nous marque de manière puissante et vibrante. Facile et rapide à lire, Camille, mon envolée vous touchera vous aussi, forcément, et à plus forte raison si vous avez de enfants. Alors n’hésitez plus, et laissez-vous porter par la douce puissance des mots de l’auteure, qui a, finalement, fait de sa fille une héroïne éternelle, et c’est peut-être cela, le plus important.

Sortie prévue le 20 août 2015

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Article rédigé par
Victor
Victor
passionné de cinéma et de littérature, rédacteur pour Fnac.com
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