Sept ans de réflexion, voilà ce qu’il aura fallu à Francis Cabrel pour sortir ce nouvel album solo, sobrement intitulé « In extremis ». Sept ans pendant lesquels l’homme à fables s’était autorisé une parenthèse dylanienne avec un opus de reprises du maître américain (« Vise le ciel »). Sept ans pour « Retrouver l’inspiration, des idées un peu originales, des thèmes qui avaient été peu abordés jusqu’à maintenant », dixit l’intéressé.
Résultat des courses ?
Douze titres qui sonnent comme du… Cabrel. Il ne faut pas voir dans cette remarque une critique négative. Non, Cabrel fait du Cabrel. Et le fait bien. L’écriture est minimaliste – peut-être plus encore qu’à l’accoutumée. Les arrangements, délicats – notamment les cuivres circassiens sur la chanson Pas si bêtes. Le Toulousain passe allègrement du rock qui claque à la balade mélancolique, nourrissant ses mélodies des influences anglo-saxonnes qui lui sont chères : Eagles, Leonard Cohen, James Taylor…
Que l’on aime ou non l’artiste, il faut avouer qu’il est passé maître dans l’art de marier les mots et les notes, de laisser la place aux respirations, aux silences; et que cet album, comme les autres, déborde de musicalité. Si la langue est toujours la même, chantante et entêtante, la musique parfois s’évade vers des territoires rarement explorés par l’auteur-compositeur, comme sur cette chanson aux sonorités africaines, Le Pays d’à côté.
Par son titre et par le contenu de ses textes, In extremis, affiche une certaine urgence. Celle de mettre sur la table les sujets qui tiennent à cœur. Mandela qu’il admire, La Bataille d’Azincourt, des médias et politiques qui l’irritent (Dur comme fer), du jazz qui l’a nourri (Les Fontaines du jazz), de ses filles qui ont grandi et sont parties (Tours gratuits)…
« Avec le temps tout s’en va« , chantait Ferré. « Oui, mais c’est pareil pour tout le monde« , ajouterait sans doute Cabrel, sourire en coin. Lui qui chante sur cet album « On va faire comme ci on était partis pour rester » prouve une fois encore qu’il est urgent de prendre son temps et qu’il faut toujours envisager le monde avec un peu… d’optimisme.
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Crédit photo : Gassian
