Le chanteur grec Demis Roussos est décédé à Athènes le 25 janvier 2015. Un grand bonhomme du show-biz vient de disparaitre, un chanteur à la voix de velours, registre aigu, léger vibrato, tenues extravagantes et répertoire de charme. Mais ce crooner s’était fait connaitre en France au printemps 68, non pas sur les barricades du quartier latin, mais avec Rain and Tears, titre emblématique du premier album des Aphrodite’s Child.
Demis Roussos, de son vrai nom Artémios Ventouris Roussos, est né en 1946 à Alexandrie en Egypte, une ville connue pour son importante communauté grecque. Il y vivra jusqu’à sa 15e année. Il fait partie du chœur d’une des églises orthodoxes grecques d’Alexandrie où il chante en soliste et apprend le solfège, la trompette, la guitare. La famille part ensuite s’installer à Athènes. Tout en poursuivant ses études, le jeune homme joue le soir de la trompette dans des clubs et fonde un groupe, The Idols. Il rencontre Vangelis et Lucas Sideras, futurs membres des Aphrodite’s Child, fondé à Athènes en 1967. Ensuite tout va très vite les musiciens se retrouvent à Paris en mars 68 (refoulés d’Angleterre faute de visa). Ils proposent les musiques de Vangelis à une maison de disques (Phonogram) et sont mis en contact avec Boris Bergman (futur collaborateur d’Alain Bashung) qui écrira les textes de toutes les chansons de l’album. Sortie du premier album End of The World et immense succès de Rain and Tears un slow, très inspiré du célèbre Canon de Pachelbel et dans la ligne directe d’autres succès du moment comme Whiter Shade of Pale de Procol Harum ou Nights In White Satin des Moody Blues sortis l’année précédente. En 1969, le 2e album, It’s five o’clock, connait le même triomphe. Mais le groupe se sépare en 1971 un peu avant la sortie du 3e album, le très controversé 666, inspiré de l’Apocalypse de Saint Jean et auquel on attribuera des allusions sataniques.
Vangelis deviendra le compositeur de musiques de films que l’on connait et Demis Roussos continuera sa carrière en solo l’infléchissant vers la variété internationale, cultivant le grand impact de sa voix pour incarner un crooner d’un nouveau genre. En 1971, We shall dance est encore un peu dans la lignée des grands succès des Aphrodite’s Child, mais avec Forever and ever sorti en 1973, la transition est nette et Demis Roussos devient un vrai crooner qui chantera d’ailleurs dans plusieurs langues outre l’anglais (français, espagnol, allemand) et agémentera souvent ses chansons d’arrangements inspirés du folklore grec. Un changement de carrière qui peut surprendre mais avec une telle voix, il pouvait se permettre beaucoup de choses et cette métamorphose lui réussira.
Depuis les années 80, sa carrière était plus en retrait, mais il a enregistré un dernier album en 2009 (Demis). Certains garderont peut-être de lui le souvenir du chanteur de charme au physique homérique, d’autres comme moi, préfèreront celui du chanteur des Aphrodite’s Child et de leurs slows mémorables, grands tubes de nos boums d’adolescents...
