« L’éducation d’une demi-vierge », la série littéraire pornographique que nous découvrons aujourd’hui, suit les traces d’une jeune novice de 17 ans aux sens particulièrement éveillés. Quatrième opus d’un cycle qui en compte cinq et dont la première parution remonte à 1911, ce tome nommé « Select Luxure ou Variations sur toute la Lyre » prouve que la perversion n’était déjà pas un vain mot à cette époque.
Edmée – ou sœur Angèle entre les murs du couvent – est une jeune fille en fleur de 17 ans pour qui la valeur n‘attend pas le nombre des années. Certains éléments, présents dans les tomes précédents, nous manquent pour parfaitement saisir son contexte familial. Mais on comprend rapidement que très jeune elle fut témoin – et partiellement actrice – de scènes de dépravation sexuelle qui ne tarderont pas à éveiller sa libido. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est débridée, cette libido, si l’on en croit les nombreuses péripéties saphiques auxquelles elle prend part à l’abri des murs de son couvent ! Finalement prise sur le fait, elle est déplacée vers une autre structure religieuse en Autriche, pour pouvoir corriger ses penchants naturels et éviter le scandale. Hélas, chassez le naturel…
La jeune coquine, toujours vierge, ne sort finalement de ses orgies lesbiennes que pour verser dans l’inceste avec sa mère et l’amant de celle-ci. S’enchaînent alors les scènes de doux excès. Doux, c’est le terme idoine. A l’opposé d’une littérature moderne qui ne voit dans le sexe qu’un perpétuel affrontement, l’écriture, pourtant très crue, reste empreinte d’une délicatesse qui fait tout son charme. Pas de luttes de pouvoir, ni de violence, ni de scènes de soumission, on parle juste ici de plaisir partagé dans la tendresse. Tout au plus y trouvera-t-on un certain anticléricalisme, il est vrai très en vogue à l’époque dans la littérature vendue sous le manteau. Ce qui ne laisse pas d’étonner par contre, c’est la modernité de l’écriture. Difficile d’imaginer qu’on est en train de lire un texte écrit au début du siècle dernier, ce petit livre a traversé les années sans prendre une ride. Autre remarque, bien que particulièrement explicite, le livre évite toute vulgarité. C’est là tout le charme des livres érotiques anciens, un peu surannés mais à l’écriture raffinée. Select Luxure ou Variations sur toute la Lyre donne envie de découvrir les 4 autres tomes de L’éducation d’une demi-vierge. Pourvu qu’ils soient eux aussi réédités !
Cet épisode de L’éducation d’une demi-vierge ne manque pas de charme et se lit avec plaisir. Si vous n’êtes pas amateur d’amours saphiques et de trios sensuels, vous n’y trouverez pas votre compte. Dans le cas contraire, vous le lirez d’une traite.