« S’occuper en t’attendant » de Marion Favry est un livre qui porte bien son nom. Il raconte les péripéties d’une femme qui tente d’oublier l’absence de son amant – marié – dans des expériences sexuelles à plusieurs, en club, dans des saunas, etc. Parfois triste, souvent très direct, c’est un récit à la première personne qui frappe par sa crudité.
Les récits pornographiques féminins sont bien plus nombreux – et assumés – de nos jours qu’ils ne le furent par le passé. Et j’ai souvent remarqué qu’ils sont plus crus, plus versés dans le détail anatomique que leurs pendants masculins, étonnamment. S’occuper en t’attendant, le roman qui nous intéresse aujourd’hui, s’inscrit dans cette veine. La première phrase du livre, « je n’aime pas mon anus », donne le ton. On ne peut pourtant pas s’empêcher de penser à de la provocation gratuite pour accrocher le lecteur. La narratrice est une femme dans la quarantaine qui aime un homme marié, Haboob. A la fois très absent et omniprésent, cet amant – forcément un peu lâche, comme toujours – rythme sa vie depuis plus de deux ans. Même quand il n’est pas là, même quand elle est dans les bras d’autres hommes, dans des situations intimes, c’est à lui qu’elle pense. Tout à tour jalouse, frustrée, amoureuse, en colère, elle passe par tous les sentiments vis à vis de son amant, tout en enchaînant les expériences et les amant(e)s.
Des sorties en clubs échangistes avec des amants de passage aux expériences saphiques en passant par le triolisme, elle expérimente toutes les facettes de sa libido et les fait partager avec un luxe souvent troublant de détails anatomiques. Les pratiques sexuelles sont cependant répétitives et dénotent d’un certain manque d’imagination. D’autres passages montrent son réel attachement à cet homme absent : « Et pourtant, c’est avec toi que je voulais être, c’est pour toi que j’ai abandonné, par moments, mes autres amants. Parce que je t’aimais. Et parce que l’orgasme ne me semblait pas l’essentiel ». On devine sans mal l’épilogue, tristement prévisible. Y compris pour la narratrice : « Aucune chance que ce qui est si mal parti depuis presque deux ans se transforme en vraie belle histoire ». Malgré tout, on a du mal à ressentir de l’empathie, comme si elle ne parvenait pas à transmettre au lecteur ses émotions. Peut-être manque t’il tout simplement d’une pincée supplémentaire d’humour. En revanche la description des scènes de sexe est plutôt réussie.
A la fois roman pornographique et récit sentimental, S’occuper en t’attendant de Marion Favry, plaira aux amateurs d’introspection et de détails crus. Les autres lui reprocheront un manque d’émotion et d’originalité. Choisissez votre camp.