Après « Paraplégique », rapidement suivi de « Rééducation », Niro termine sa trilogie par « Miraculé ». Revenu de nulle part, Niro s’impose comme le fer de lance de la relève du rap français…
Avec Miraculé, son premier « vrai » album, Niro en termine avec une trilogie entamée par deux « street-albums » : Paraplégique, son projet initial, rapidement suivi par Rééducation, avant la conclusion, donc, Miraculé. Bien sûr, il n’aura échappé à personne que les titres de ces disques ont un évident point commun et qu’ils revêtent forcément un sens particulier pour Niro. Non pas parce qu’ils reviennent sur son état de santé, mais plutôt sur son état d’esprit et sa situation personnelle, pas forcément toujours simple. Si Niro continue à avancer, il connaît quelques rechutes et des passages en prison qui ralentissent son cheminement. C’est pourquoi il se considère comme un « Miraculé », car ce qui lui arrive aujourd’hui n’est pas donné à tout le monde, surtout avec un tel parcours de vie.
Alors, évidemment, on peut se dire qu’avec une telle histoire, on risque d’avoir une bonne dose de rap de rue. C’est vrai. C’est dur, c’est âpre, c’est hardcore, mais c’est d’une intelligence rare et surtout, si Niro parle de la rue, ce n’est jamais pour la glorifier ou se trouver des excuses qui expliqueraient son itinéraire. La rue a été, pour lui, un moyen de survivre, ni plus, ni moins. Il a fait ce qu’il avait à faire, sans en tirer une quelconque gloriole, mais sans se retourner sur son passé non plus. C’était comme ça, c’est tout. C’est en tout cas ce qui ressort de Miraculé. On y entend un homme conscient de la valeur des choses, un artiste qui parle de la vie, de sa vie avec recul et lucidité. C’est certainement pourquoi on ne sort pas indemne de l’écoute de l’album de Niro et c’est certainement ce qui choque le plus. Parce que c’est presque détaché que Niro met son cœur sur la table, sans artifice, sans filtre et qu’on ressent la vérité crue quand il parle de ses émotions, de ses craintes. C’est de la même manière qu’il fait de son disque quelque chose d’éminemment personnel, quasiment un exutoire. Et même si quelques morceaux se veulent plus souples ou plus légers en termes de production, lui garde sa ligne directrice et ne dévie pas de son chemin.
Dans Miraculé, on prend sa voix en pleine gueule et sa façon d’en jouer, que ce soit pour des démonstrations techniques ou des egotrips. Il ne cache pas l’essentiel : Niro est un rappeur d’une rare authenticité, d’une rare lucidité qui ne se cache pas derrière des faux-semblants. Il installe son ambition et une vraie ambiance, dure, noire, oppressante. Et si Genius, membre de Street Lourd, a signé beaucoup de sons, on retrouve aussi d’autres producteurs, dont Therapy, comme une évidence. Leurs atmosphères se complètent parfaitement. Leur collaboration sonne comme une évidence. De la même façon, il n’est pas plus surprenant que l’un des seuls feats de l’album soit Kaaris. Les univers des deux artistes sont si proches que l’on se demande comment personne n’y a pensé plus tôt ! Mais, on l’a dit, Niro avait à cœur aussi de parler de lui, alors on le retrouve partout, comme un fil conducteur, mais on y trouve aussi un éloge à sa mère qui l’a toujours soutenu malgré ses accidents de parcours et des conseils à son petit frère pour lui éviter de faire les mêmes erreurs que lui.
Si Niro ne glorifie jamais la rue, il ne fait pas non plus la morale. Il dit les choses telles qu’elles sont, telles qu’il les ressent, telles qu’il les a vécues. C’est sans tristesse, sans agressivité, mais aussi sans regret qu’il dresse un bilan de sa vie. Même s’il sait qu’il « ne changera pas la face du monde avec des mots« , Niro conte ses histoires, ses victoires, ses échecs et prends sur lui pour continuer à avancer, une vraie leçon de vie…