Avi Avital est un jeune virtuose de la mandoline classique, instrument que l’on a tendance à cantonner au répertoire italien du 18e siècle (Vivaldi, Pergolèse) car après cet âge d’or, les œuvres pour mandoline se font plus rares. Comme ses collègues, Avi Avital joue donc des transcriptions pour élargir son répertoire. Cela lui réussit plutôt bien : Between Worlds, nous fait entendre Bloch, Dvorak ou Manuel de Falla, d’une façon différente, entre le classique et le folklore…
Avi Avital est un jeune virtuose de la mandoline classique, instrument que l’on a tendance à cantonner au répertoire italien du 18e siècle (Vivaldi, Pergolèse). Et pour cause, après cet âge d’or les œuvres pour mandoline se font plus rares. La solution : élargir le répertoire à des musiques moins classiques, avoir recours à la transcription, ou pour encore mettre en valeur la mandoline, choisir de transcrire des pièces classiques inspirées de musique folklorique. C’est exactement l’esprit de cet album au titre d’ailleurs éloquent : Between worlds (entre le monde du classique et celui du folklore).
L’introduction se fait pas une très courte pièce du compositeur géorgien Sulkhan Tsintsadze (1925-1991), qui nous situe d’emblée aux portes de l’Orient. Vient ensuite une transcription du célèbre Csardas de Vittorio Monti. Avi Avital est accompagné à l’accordéon par un Richard Galliano inspiré. L’ambiance y est résolument slave : l’accordéon prend des accents de bayan et la mandoline rappelle la balalaïka, autre instrument à plectre. Une pièce qui vous donne immanquablement des fourmis dans les pieds ! Nigun est la troisième partie d’une œuvre pour violon et piano du Suisse Ernest Bloch, Baal Shem (Trois images de la vie hassidique). Elle est ici arrangée pour mandoline, harpe, trio à cordes et clarinette, aussi mélancolique et poignante que dans sa version originale. Suivent trois pièces tirées des Sept Chansons Populaires Espagnoles de Manuel de Falla souvent transcrites. Dans Jota et Polo, guitare et percussions s’ajoutent à une petite formation de chambre classique pour accompagner le soliste dans un arrangement riche et subtile. Mais Nana, la pièce centrale est un très beau duo harpe et mandoline.
La transcription pour mandoline, accordéon et trio à cordes du quatrième mouvement du Quatuor Américain n° 12 op. 96 d’Antonin Dvorak est la partie la plus surprenante de l’album. Mais on se laisse prendre par cet arrangement plein de vie et de charme. L’album se termine par Freilach Ron, une mélodie traditionnelle qui met en avant Gioran Feidman grande figure contemporaine de la clarinette klezmer.
Le jeu de la transcription est périlleux. Il s’agit surtout de ne pas trahir l’œuvre originale. Mais Avi Avital a su choisir des pièces qui conviennent bien à son instrument et à peaufiner avec ses partenaires des arrangements à la fois personnels et fidèles. Sa virtuosité et sa sincérité font le reste. Belle découverte d’un interprète plein de talent qui nous fait réécouter des œuvres connues sous un jour nouveau.