Sur cet album, Lil Wayne est capable d’alterner les performances incroyables avec des passages plus calmes où il se met un peu à nu…
Lil Wayne aurait voulu créer un buzz fou autour de la sortie de son nouvel album, I Am Not a Human Being II, il ne s’y serait pas pris autrement. Envoyé deux fois à l’hôpital en quelques jours, au début du mois de mars, annoncé à l’article de la mort, il en est finalement ressorti après avoir traversé cette épreuve. Dans une vidéo postée après sa sortie de l’hôpital, il explique à ses fans qu’il va bien et que l’album est disponible « si vous voulez » et, après un haussement d’épaule, il ajoute : « sinon peu importe ». C’est la preuve que Weezy est peut-être un peu moins concerné par son disque que d’habitude.
Pourtant, il n’a pas fait semblant encore une fois, mais il y a effectivement un je-ne-sais-quoi d’inachevé. Alors oui, Lil Wayne n’est peut-être pas si humain que cela ou alors il ne l’est que trop, difficile de trancher. Comme sur cet album où il est capable d’alterner les performances incroyables avec des passages plus calmes où il se met un peu à nu. En gros, sous les fanfaronnades, on décèle des faiblesses. Le résultat, c’est qu’à l’écoute, on se rend bien compte que l’album part un peu dans tous les sens, à l’image, finalement, de son fantasque auteur. Aux clubs bangers évidents se succèdent les morceaux plus calmes offrant ainsi de multiples rebondissements. Il y a donc toute une partie avec des singles ultra efficaces avec les hits No Worries, Rich As Fuck et Bitches Love Me. Ces cartons en puissance pourraient laisser croire un album taillé pour les strips-clubs. Mais, comme souvent chez Weezy, c’est beaucoup plus compliqué que cela. Cette partie ravira surtout ceux qui écoutent la musique sans vraiment l’entendre. C’est dansant, hip-hop, parfois bête et méchant (il abuse de mots grossiers notamment…), ça glisse facilement et ça peut même mettre une bonne ambiance dans une soirée. On bouge sans effort et sans s’en rendre compte sur ce type de sons. Un critique américain a d’ailleurs écrit que « Lil Wayne avait emmené le hip-hop dans l’espace ». Cette phrase ne peut mieux résumer cette partie de l’album. D’ailleurs, dans le titre Wowzerz, il se compare lui-même à un alien… C’est dire.
Mais si Lil Wayne a tant dominé le terrain et le rap ces dernières années, c’est qu’il ne faisait pas comme tout le monde. Or, dans ce disque où il essaie de montrer sa puissance tout en essayant de rationaliser ses excentricités, il perd un peu de la magie qu’il avait réussi à imposer dans sa façon de jouer avec les mots et la façon dont il les faisait sonner. Résultat, on le sent moins au-dessus du lot et plus dans la norme actuelle des grands rappeurs US qui, d’ailleurs, sont légions en featuring sur ce disque. Si Lil Wayne reste parmi les meilleurs, il y a certains morceaux où il dérape un peu. Ses abus de mots sexuels tirent parfois l’album vers le bas et son instabilité le pousse à parler sans fard de ses addictions dans un morceau (Trippy) qui peut mettre mal à l’aise. Si la performance est toujours présente, l’artiste montre aussi ses faiblesses comme sur Back To You, une chanson d’amour patraque qui vacille entre la réserve et le désespoir. Mais, il y a aussi des pièces de choix dans l’album, notamment God Bless Amerika où on découvre un Lil Wayne inspiré et impliqué mettant en musique sa défiance envers le système carcéral et politique américain.