George Harrison l’avait surnommé « Le parrain de la musique du monde ». Ravi Shankar s’était donné la mission de promouvoir la musique et la culture indienne et même d’en devenir son ambassadeur dans le monde entier. C’est bel et bien ce qu’il a réussi à faire tout au long de sa vie et au delà…
Ravi Shankar vivait en Californie où il avait fondé une école destinée à enseigner les arts traditionnels indiens. C’est là qu’il est mort à l’hôpital de San Diego ce mardi 11 décembre. avec lui c’est toute un pan de la culture indienne comme de la musique occidentale (et même de ce qu’on appelle la World music), qui disparait.
De formation classique, Ravi Shankar était le frère du célèbre danseur Udai Shankar qui, avec une autre danseuse Rukmini Devi a œuvré au début du 20e siècle à la réhabilitation en Inde des arts traditionnels, premier sursaut de fierté nationale dans les élites culturelles indiennes sous la colonisation britannique. C’est ainsi que le jeune Ravi fut d’abord initié à la danse et à la musique et opta finalement pour cette dernière sous l’enseignement du maitre Ustad Allaudin Khan, père du joueur de sarod Ali Akbar Khan, avec qui Ravi Shankar a souvent enregistré.
Comme son frère, Ravi Shankar s’était donné la mission de promouvoir la musique et la culture indienne et même d’en devenir son ambassadeur dans le monde entier. C’est bel et bien ce qu’il a réussi à faire tout au long de sa vie et si l’on demande à un profane de nommer un musicien indien, ce sera Ravi Shankar.
Dans cet esprit de transmission et de grande tolérance à l’égard des autres cultures, Ravi Shankar n’a pas hésité à travailler, enseigner et jouer avec toutes sortes de musiciens et dans toutes sortes de lieux, comme les festivals de Monterey en 1967 (magnifique concert !), Woodstock en 1969 et bien sûr le concert au profit du Bangladesh en 1971, premier festival pop de bienfaisance (qui fera bien des émules), organisé par son ami et disciple George Harrison. Il collabora également avec d’autres musiciens comme John Coltrane, Philip Glass, André Prévin, pour la composition de son Concerto pour sitar, Yehudi Menuhin et Jean-Pierre Rampal, le cinéaste Richard Attenborough pour qui il a écrit la musique du film Gandhi.
Mais tous ces projets transverses ne doivent pas faire oublier sa contribution à la musique et à la culture indienne en générale, comme ses collaborations avec le grand cinéaste Sathyajit Ray pour qui il composa plusieurs bandes originales. Ses deux filles, Nora Jones et Anoushka Shankar sont de célèbres musiciennes. Depuis plusieurs années, il jouait avec Anoushka, sa plus jeune fille et disciple, qui maintenant reprend le flambeau de la grande famille d’artistes que sont les Shankar…
Son dernier enregistrement The living room session part 1, sorti en avril, vient d’être nommé pour les Gramy Award. Enregistré chez lui, à San Diego, ces sessions d’improvisation témoignaient de la sérénité d’un musicien n’ayant plus besoin de virtuosité ou de sophistication pour transmettre son art. Il nous parlait un langage musical épuré, ne disant que l’essentiel et c’était tout simplement très beau et très émouvant. Avec je l’espère la sortie des deux autres sessions, ce grand musicien nous transmettra la suite de son message, toujours vivant dans tous les témoignages enregistrés et à travers tous ses disciples et tous les artistes qui l’ont côtoyé.