Guide d’achat : amplificateur à tube ou à transistor ?

                       Les premiers amplificateurs, popularisés par la révolution du cinéma parlant, étaient basés sur la technologie à tubes. Nous n’allons pas aborder ici l’aspect purement technique, retenons juste que le tube est un composant qui se présente sous la forme d’un bulbe de verre (sous vide), utilisé le plus souvent comme amplificateur de signal. Le transistor, lui, est arrivé plus tard, dans les années 50, et est devenu le composant de référence, entre autres pour les applications audio.

Les avantages du transistor sont sa fiabilité, sa miniaturisation (le moins que l’on puisse dire c’est que les tubes restent très encombrants) et la tenue de ses caractéristiques dans le temps, d’où son utilisation dans des applications militaires. Les amplificateurs à transistors ont pris le dessus en terme de vente car moins chers à fabriquer, théoriquement plus fiables, et du fait de leur miniaturisation, plus faciles à intégrer dans un coffret de dimensions compatibles avec nos intérieurs modernes. Ils sont réputés plus neutres, descendants plus bas dans le grave, plus puissants et faciles d’usage. En revanche, certains audiophiles leur reprochent un son trop « électronique », manquant de vie, de chaleur, notamment sur les voix. L’écoute transistor est plus droite, plus fidèle, moins romantique dirais-je.

                             Les amplis à tubes se reconnaissent aisément à leurs bulbes souvent apparents, au rougeoiement des filaments des tubes  en usage, à leur poids souvent plus important qu’un amplificateur à transistor, et à un dégagement de chaleur non négligeable. Sans compter qu’ils sont souvent encombrants sur votre meuble Hifi et malheureusement plus onéreux. Mais surtout les tubes ont une durée de vie plus limitée et doivent être changés régulièrement (plusieurs milliers d’heures d’écoute tout de même)

                               Avec tous ces inconvénients, pourquoi donc investir sur un amplificateur à tubes en 2012, me direz-vous ? Tout simplement parce que la restitution sonore -sur les modèles bien conçus- est magique, pleine de vie, de chaleur, d’humanité dirais-je. On constate souvent une puissante ressentie bien supérieure à la puissance souvent modeste annoncée sur ce type d’amplificateur. L’image sonore est plus réaliste, les aigus sont moins métalliques que sur du transistor et s’intègrent plus naturellement au spectre sonore, les graves descendent moins bas –et encore, pas toujours- mais semblent plus variés. Mais surtout, le tube creuse l’écart dans le medium, qui est la partie du spectre sonore à laquelle nos oreilles sont le plus sensibles. Sur un bon amplificateur à tubes, on ne se pose plus de question, on écoute de la musique, et non plus du son.  

                      Nombre d’audiophiles, dont je suis, ont commencé par le  transistor avant de goûter aux joies des tubes. Et cela me semble un  cheminement logique. D’abord parce que le budget n’est pas le même, il est plus facile d’acquérir un bon amplificateur à transistor d’entrée de gamme avec un budget d’étudiant ou de jeune travailleur. Ensuite parce que les tubes nécessitent une plus grande connaissance technique (changement des tubes, réglages du Bias, etc.) qui souvent s’acquiert avec le temps. Enfin le transistor me parait plus adapté à la musique dynamique que l’on écoute volontiers étant jeune, quand le tube fait  plutôt la différence sur du Jazz ou de la musique classique. 

  Cependant, plutôt que choisir une technologie, certains constructeurs combinent les avantages des 2, avec par exemple un étage d’entrée à tubes et une partie d’amplification à transistor, soit en éléments séparés, soit sous le même boitier. On retrouve également des sorties à tubes sur certaines platines cd. Ces appareils restent quand même pour la plupart encore pour assez onéreux ou de qualité variable.

                       Je conseillerais à l’amateur qui souhaite se lancer dans l’amplification à tube sans être particulièrement  « branché »  technique de se tourner vers des marques comme le hollandais PrimaLuna, qui propose des produits fiables, simples d’usage, et aux réglages automatiques, sans pour autant faire de concession sur la qualité sonore.  Et surtout n’écoutez pas les ayatollahs qui ne jurent que par l’une ou l’autre des deux technologies, il existe de très bons mais aussi de très mauvais produits dans les 2. Certains amplificateurs à transistor, en particulier chez nos amis anglais, sont réputés « sonner comme du tube« , quand des amplificateurs à tubes chez  McIntosh ou Audio Research (ils sont souvent très chers hélas !) peuvent vous fâcher définitivement avec vos voisins avec leur grave ferme, étendu et puissant. Bref, gardez l’esprit ouvert.

Bonne écoute !