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Canon Eos 5D Mark III / Nikon D800 : le choc des titans

09 mars 2012
Par frrc
Canon Eos 5D Mark III / Nikon D800 : le choc des titans
©fnac

Canon Eos 5D Mark III / Nikon D800 : un match au sommet !

canon eos 5d mark iii 

         Source: Canon

Avant les premières livraisons annoncées bientôt, faisons une petite revue rapide des différences et des avantages comparatifs (notés en rouge dans le tableau ci-dessous) entre ces deux boîtiers reflex Canon & Nikon à capteur 24×36.

Rappelons que l’intérêt de ce type de boîtier « full frame » est la possibilité de sortir des images sans granulations gênantes même dans des conditions de très basse lumière (ISO supérieur à 800), ainsi que de pouvoir bénéficier de jolis « bokeh » avec l’adjonction d’optiques lumineuses.

Bref si vous souhaitez faire des photos nettes à main levée en condition de faible éclairage (crépuscule, musée, nuit…) sans trop tirer sur le grain, ou si les portraits à profondeur de champ réduite vous intéresse, c’est dans l’un de ces 2 boîtiers qu’il faudra investir !

TABLEAU.2 

1 – Un trop plein de pixels ?

On le voit bien, à la lecture du tableau, Nikon a décidé de livrer un nouveau boîtier full frame sur-vitaminé en pixels. Le D800 annonce en effet un chiffre impressionnant de 36Mp en lieu et place des 12Mp de l’ancien D700.

nikon d800

          Source: Nikon

C’est assez surprenant quand on sait qu’avec les meilleures optiques du marché (les zooms pro à f/2.8, les focales fixes à f/1.8 ou f/1.4) un 12Mp était alors suffisant.

Alors quel intérêt réel ?

Au-delà d’une simple stratégie marketing, le but de la manœuvre est d’aller bien sûr faire de l’œil aux photographes pro qui souhaiteraient tirer au-delà du format A2 ; mais surtout concurrencer aussi les moyen-formats numériques bien plus chers (plus de 20000€ !).

Un positionnement qui peut se comprendre mais qui a une incidence non négligeable sur la baisse de surface sensible des photodiodes.

Là où en effet le Nikon D700 annonçait une surface de 8.45µm, le D800 descend lui à 4.88µm. Une baisse de régime qui devrait faire des mécontents chez les photographes adeptes des sensibilités élevées. Il faudra donc attendre les tests de labo pour conclure si cette baisse de surface est réellement pénalisante ou non. Le Canon, lui, propose des pixels à 6.25 µm. Un chiffre plus raisonnable. Cependant tout ne se résume pas à la taille des photosites : le travail du processeur, la qualité du logiciel de dérawtisation, la qualité et la taille du grain (forcément plus petit à 36Mp qu’à 22Mp) sont tout aussi déterminants dans la représentation visuelle du bruit.

canon eos 5d mark iii sample

          Source: Canon (EOS 5D MARK III / ISO 6400)

Au vu des premières photos qui circulent sur le net, on peut d’ores et déjà dire que les deux boîtiers font des photos exemptes de grains jusqu’à 800ISO. La qualité reste excellente jusqu’à 3200 (pour les 2 boîtiers) et ne se dégrade fortement qu’au-delà de 51200 (pour le Canon). Un résultat impressionnant mais en définitive habituel avec ce type de capteur plein format.

2 –Vidéo : Canon innove sur le choix de la compression, Nikon sur celui de l’exportation via une prise HDMI « débridée »

Le Nikon D700 ne proposait pas en son temps la vidéo, le D800 lui l’intégre logiquement. Nikon en profite pour réaffirmer ici son ralliement aux standards d’encodage et de format vidéo habituels chez Canon. Soit du full HD H264 / MOV.

Cependant Canon gagne un point, vis-à-vis du D800, en proposant le choix dans le menu entre deux méthodes de compression : IPB ou ALL-I.

Pour faire simple, le mode IPB est la méthode standard de compression (celle disponible aussi dans le D800) qui a l’avantage de créer des fichiers moins lourds à stocker, mais nécessite un temps de décompression dans un logiciel de montage plus long et plus fastidieux. Dans ce mode, les images compressées sont liées entre elles selon une association que le logiciel de montage doit déconstruire afin de ré-individualiser chaque image les unes à côté des autres. Cela demande plus de ressources et reste contraignant en terme de qualité.

En mode ALL-I, chaque image compressée est indépendante des autres. Si les fichiers créés sont 3 fois plus lourds (!), cela permet paradoxalement d’améliorer la qualité et la rapidité de traitement dans le logiciel de montage. Un avantage au Canon donc.

Pour info : en mode IPB une séquence de 4Go correspond à 12mn. En mode All-I cela devrait correspondre à 3 fois moins, soit 4mn !

Mais le Nikon D800 n’en reste pas là et propose lui aussi une petite révolution pour les vidéastes pros : la possibilité d’exporter les flux vidéo sans compression, via la prise HDMI, vers un enregistreur externe (type AJA Ki Pro Mini / BlackMagic Design Shuttle par ex), ou directement dans son ordinateur (si celui-ci dispose d’une carte HDMI adéquate). On dit alors que cette prise HDMI est « débridée ». Cette méthode a l’avantage d’éviter l’encodage H264 natif et d’enregistrer les vidéos directement dans le codec au choix de l’utilisateur (type ProRes 422 pour ceux équipés de Final Cut Pro) via l’enregistreur externe. Attention, cette méthode est réputée pour être très lourde en poids de fichiers (une carte 32Go insérée dans un enregistreur type AJA ne peut conserver que 20mn de vidéo, soit 5 fois moins que la même carte disposée dans l’appareil photo et recevant un flux vidéo compressé en H264).

A part ça les deux boîtiers, D800 & 5D Mark III, étendent le temps d’enregistrement à 29min et 59sec en continu. Une bonne surprise puisqu’avec le 5D Mark II il n’était pas possible d’enregistrer plus de 12mn pendant une seule et même séquence (ces 12mn correspondant en fait à la limite de 4Go qu’une carte – handicapée par sa technologie FAT 32 – est incapable de dépasser en une seule écriture).

Si Nikon ne communique pas (encore) sur la méthode utilisée pour passer outre la limitation de ces 4Go, Canon lui est plus bavard : il annonce en effet que tous les 4Go d’enregistrement, un fichier individuel sera crée permettant à la séquence vidéo de continuer son cours sans interruption, et ce jusqu’à la limite fatidique des 29min et 59sec.

Ainsi sur une carte de 32Go, il sera possible en mode IPB (chez Canon & Nikon) de réaliser trois séquences entières distinctes d’environ 30mn complétées par une dernière séquence de 6 mn (1 minute de vidéo pesant à peu près 340Mo). En mode ALL-I (Canon seulement) ce sera 2 fois moins (bien que ces chiffres et ces durées soient mis sous réserve, puisque je n’ai pas encore eu la possibilité de tester aucun des 2 boîtiers).

Enfin pour conclure cette partie liée à la vidéo, les deux boîtiers annoncent des performances AF en progression. Les premiers avis d’utilisateurs restent réservés quant à l’efficacité de cette amélioration. L’AF fluide sur un boîtier vidéo reflex… ce n’est pas encore pour demain !

3 – Rafale / finition / viseur / compatibilité optiques:

 canon 5d mark iii ISO 100

Source: Canon (5D Mark III / ISO 100)

Le Canon tire avantage de son capteur moins saturé en pixels et propose une rafale plus rapide. Son viseur présente également un dégagement oculaire très légèrement supérieur au Nikon (21mm contre 17mm). Cependant les deux boîtiers annoncent une visée à 100% en progression par rapport aux anciens modèles. Difficile d’y croire tout à fait en réalité. Il vaudra mieux s’attendre, il me semble, à une visée réelle se situant un peu en dessous de 100%.

A part ça la finition est excellente des deux côtés (alliage de magnésium + joints d’étanchéités).

Enfin Nikon propose comme toujours une monture FX compatible DX. Chez Canon cette logique n’est pas possible. Ainsi un Canon EFS (par ex un 10/22mm) ne peut se monter sur un 5D Mark III. Un peu vexant pour ceux qui aimerait s’équiper d’optiques moins chers en APS-C pour des usages particuliers (fisheye 8mm Samyang par ex). 

4 – Et le filtre passe bas ? Que penser du Nikon D800E ?

Finalement la grande force de Nikon est d’avoir réussi, en sortant deux versions de son D800, à se démarquer du 5D Mark III sur un détail technique qui, jusqu’à présent, n’avait fait écho que chez les amateurs de moyen-formats numériques / Leica M9 ou futur Fuji X1 pro. Je veux bien sûr parler de la modification des propriétés d’anti-crénelage du filtre passe-bas posé devant le capteur.

Bien que les deux boîtiers annoncent un filtre passe-bas amélioré (traitement fluorine chez Canon / multicouche chez Nikon), Nikon est le seul à avoir, sur la version D800E, retravaillé les caractéristiques de ce filtre jusqu’à annoncer la suppression totale de ses propriétés discriminantes en terme de restitution des fins détails de l’image !

nikon d800 sample macro

                            Source: Nikon (Nikon D800 + OBJECTIF MACRO)

A ce sujet un grand flou persiste encore sur la nature profonde de cette modification. Peut-on réellement envisager que l’action d’anti-crénelage de ce filtre sera totalement supprimée ? A surveiller donc de près au moment de la livraison effective du Nikon D800E.

Quoiqu’il en soit l’idée est 100% pertinente tant on peut comprendre le photographe passionné qui, après avoir investi plusieurs milliers d’euros dans des optiques hors de prix et d’excellentes résolutions (je pense à un Micro 105mm VR ou bien à un 85mm f/1.4), ne souhaite pas se retrouver pénalisé par la présence d’un filtre dans son appareil réduisant la restitution des fins détails que son optique lui permet pourtant d’obtenir au prix fort !

4 – Le bilan :

 
Alors quel boîtier choisir ? Pas facile de conclure sans attendre au préalable les tests labo. Le Nikon D800 saura-t-il se dépatouiller d’une sensibilité théoriquement en baisse face à un Canon proposant des photodiodes plus grosses ? Quid du filtre passe-bas monté sur le D800E ? Le mode de compression ALL-I chez Canon est-il décisif?

Au final la richesse plus ou moins grande des accessoires et des optiques pourrait aussi avoir son mot à dire dans le choix définitif :

nikon d800 accessoires

                   Source: Nikon (accessoires D800)

Canon conserve une longueur d’avance dans le domaine des objectifs télés. Quant à Nikon il est très apprécié pour ses accessoires macros et sa compatibilité descendante avec des optiques très anciennes. Le match s’annonce serré et passionnant !

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frrc
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libraire à Fnac Montparnasse passionné de musique et de photo
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