Une étude de l’Ofcom, régulateur britannique des télécommunications, révèle que les femmes se sentent moins en sécurité en ligne que les hommes.
Les sociétés technologiques n’en font pas assez pour assurer la sécurité des femmes sur Internet. C’est ce qu’affirme l’Ofcom, autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni. Ayant mené une étude sur la vie en ligne dans le pays, elle indique que les femmes sont moins confiantes quant à leur sécurité en ligne que les hommes, plus négativement affectées par les contenus discriminatoires ou haineux, mais aussi qu’elles se sentent moins capables de s’exprimer et de partager des opinions sur le net.
L’autorité s’est ainsi adressée aux entreprises de la tech, qui se trouvent derrière la vie en ligne des individus. « Nous appelons aujourd’hui les entreprises technologiques, qui créent les sites et les applications utilisés par des millions de personnes au Royaume-Uni, à agir maintenant pour faire du monde en ligne un espace plus sûr pour les femmes et les filles », a indiqué l’Ofcom. L’autorité leur imposera d’ailleurs des obligations pour garantir que tous les utilisateurs soient mieux protégés contre les dommages sur le web avec la future loi sur la sécurité en ligne.
Une présence en ligne accompagnée d’un manque de sécurité
Selon l’étude du régulateur, les femmes britanniques sont de ferventes utilisatrices des réseaux sociaux, passant plus d’un quart de leurs heures d’éveil en ligne, soit environ une demi-heure de plus par jour que les hommes (4h11 contre 3h46). La vie sur le net n’est cependant pas toujours une expérience positive pour plusieurs d’entre elles. Bien que la majorité des individus considèrent que les avantages d’être en ligne l’emportent sur les risques, les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’être d’accord avec cette affirmation (63% contre 71%).
De plus, les participantes à l’étude s’estiment moins en mesure de partager leurs opinions et d’avoir une « voix » en ligne (42% contre 48%), mais aussi de se sentir libres d’être elles-mêmes sur le web (33% contre 39%). Et, pour nombre d’entre elles, la vie en ligne peut reproduire des dynamiques discriminatoires néfastes existant dans la société.
Les contenus préjudiciables, un danger pour les femmes
Si les femmes sont moins convaincues qu’elles ne subiront pas de préjudice en ligne par rapport aux hommes, c’est parce qu’elles sont plus susceptibles d’avoir vu ou vécu des contenus liés à une image corporelle négative, à un régime excessif ou à des troubles alimentaires, ainsi que des contenus misogynes ou en rapport avec l’automutilation et le suicide au cours des quatre dernières semaines. Les hommes sont, eux, plus à même d’avoir vu ou vécu des escroqueries, de la désinformation et des contenus illustrant la violence.
L’Ofcom indique que les hommes ont plus de chance que les femmes d’avoir subi un comportement ou un contenu en ligne potentiellement dangereux au cours du dernier mois (64% contre 60%), mais que les femmes sont plus affectées de façon négative par les contenus préjudiciables qu’elles rencontrent. Elles sont plus de deux sur cinq à déclarer se sentir gênées par ce genre de contenus pour un tiers des hommes. Elles sont par ailleurs plus nombreuses à trouver les contenus haineux, offensants ou discriminatoires particulièrement préoccupants par rapport à eux (85% contre 70%). La différence s’accroît davantage avec le trolling, pratique consistant à générer des polémiques sur Internet. 64% des femmes trouvent cela préoccupant contre seulement 25% des hommes.
D’un autre côté, le régulateur britannique révèle que les femmes issues d’une minorité ethnique sont plus susceptibles d’être troublées par leurs expériences en ligne préjudiciables (52% contre 42% des femmes blanches). Elles ont aussi plus de chances d’avoir subi au moins un préjudice potentiel au cours du dernier mois. Au sujet de la santé mentale, les femmes de 18 à 34 ans sont plus nombreuses à être en désaccord avec l’affirmation qu’être en ligne a un effet positif sur la santé mentale. Dans le détail, près d’un quart des femmes noires ne sont pas d’accord, soit davantage que les femmes blanches (16%) et asiatiques (12%).
Enfin, selon l’Ofcom, la moitié des internautes adultes sont favorables à d’autres mesures de sécurité sur Internet, les femmes y étant plus propices que les hommes (56% contre 43%). Elles sont aussi plus nombreuses à considérer la protection des internautes comme une priorité.