Le Festival de Cannes a la particularité d’abriter plusieurs festivals. La Quinzaine des Réalisateurs, qui fait partie de ces sections parallèles, met le cinéma d’auteur à l’honneur.
Certes, il n’y a pas de tapis rouge ni de montée des marches, mais la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs est tout aussi prestigieuse que celle de la compétition officielle du Festival de Cannes. C’est l’une des trois sections parallèles du Festival de Cannes, avec la Semaine de la Critique et l’ACID. Cette année, elle est de loin la plus intéressante des trois. La section s’est ouverte ce mercredi 18 mai avec L’Envol, le premier film français de l’Italien Pietro Marcello.
Pendant la cérémonie d’ouverture, la cinéaste Kelly Reichardt s’est vue attribuer le Carrosse d’or, un prix qui récompense un cinéaste pour l’ensemble de sa carrière. Le travail de la réalisatrice de First Cow réinvente en effet le western en le rendant plus intimiste. Elle a d’ailleurs choisi de projeter La Dernière Piste, un long-métrage au message fort sur la relation entre les natifs américains et les colons au XIXe siècle.
Une sélection qui met le féminisme à l’honneur
Parmi les 23 films de la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs, on trouve bien plus d’œuvres de femmes qu’en compétition officielle, où le manque de parité a, cette année encore, beaucoup agacé. La parité n’est pas atteinte ici non plus, mais les figures féminines, que ce soient les cinéastes ou bien les personnages des films, ont été omniprésentes. Dès le film d’ouverture, les festivaliers ont ainsi pu découvrir une belle histoire d’émancipation féminine, à travers le personnage de Juliette dans L’Envol, récit initiatique d’une femme condamnée à subir la reproduction sociale au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Par la suite, les femmes ont fait les beaux jours de la Quinzaine : Mia Hansen-Løve, habituée des lieux, a notamment dévoilé le meilleur film de sa carrière, Un beau matin, dans lequel Léa Seydoux brille de justesse et de douceur. Par moments, on croirait regarder une œuvre d’Éric Rohmer, avec toute la beauté qui va avec.
Par ailleurs, deux femmes à la popularité importante sont passées pour la première fois derrière la caméra. À 81 ans, Annie Ernaux a réalisé Les Années Super 8 avec son fils, David Ernaux-Briot. L’autrice de L’Événement s’est replongée, à l’occasion de ce court documentaire, dans ses archives en Super 8, tournées par son ex-mari dans les années 1970. La comédienne Charlotte Le Bon a elle aussi proposé un joli coup d’essai avec Falcon Lake, une adaptation d’Une sœur, la bande dessinée de Bastien Vivès.
De grands noms attendus sur la scène du théâtre Croisette
L’atmosphère était pourtant morose durant les premiers jours de ce 75e Festival de Cannes. L’excitation ambiante a rapidement laissé place à une torpeur généralisée. Les nombreux bugs de billetterie ont agacé les festivaliers et voir les films de la sélection n’a jamais été aussi difficile… Mais cela n’a heureusement pas sapé le moral des spectateurs de la Quinzaine, qui ont pu voir du très beau monde. En séance spéciale, les fans de cinéma de genre ont pu découvrir le retour au grand écran d’Alex Garland. Après une incursion sur Netflix avec Annihilation, le cinéaste anglais est revenu avec Men, un projet d’horreur cauchemardesque, comme seul le papa d’Ex_Machina sait les mener.
Mais le film qui a fait le plus parler de lui durant ces deux semaines, c’est bel et bien Revoir Paris. Le long-métrage d’Alice Winocour retrace le parcours de résilience d’une jeune femme, interprétée par Virginie Efira, qui a survécu à un attentat inspiré de ceux du 13 novembre, à Paris. Bouleversant, porté par une magnifique distribution (Benoît Magimel accompagne Efira, tous deux sublimes), le long-métrage a marqué les esprits et a fait couler beaucoup de larmes.