Lire mieux et plus vite. Beaucoup en rêvent. Récemment mis en ligne, l’outil est autant vanté par certains qu’il est critiqué par d’autres. Explications.
Un outil pour rendre la lecture plus rapide, avec une meilleure concentration. C’est la promesse de Bionic Reading, conçu par le designer typographique suisse Renato Casutt. Décrit comme « une nouvelle méthode facilitant le processus de lecture en guidant les yeux à travers le texte avec des points de fixation artificiels », cet outil permettrait de se concentrer uniquement sur les lettres initiales en gras et de laisser le cerveau terminer le mot. Ce serait non seulement un moyen de lire sans être distrait, mais aussi d’aider les personnes ayant des difficultés à lire et à comprendre des textes. Une solution qui apparaît presque miraculeuse à l’heure où nombre de lycéens et d’étudiants révisent leurs examens !
Bionic Reading est disponible depuis peu sous forme de convertisseur de texte et d’interface de programmation, permettant de l’intégrer à des applications. Avant sa mise en ligne, il a été testé par une université suisse pour voir si la lecture à l’écran est meilleure avec ou non. Selon Renato Casutt, il a eu un effet positif pour la majorité des participants, mais certains ont trouvé cette méthode dérangeante. En dehors de cette étude, il affirme avoir eu des retours de la part de personnes dyslexiques indiquant que Bionic Reading les aide à mieux lire.
Une méthode de lecture appréciée et critiquée
Cet outil est devenu viral sur les réseaux sociaux à la suite d’un tweet d’un rédacteur UX pour Minecraft et Spotify : « C’est incroyable à quel point lire cela donne l’impression de d’enfin débloquer 100% de votre cerveau », a-t-il écrit sur Twitter, en partageant deux versions d’un même texte, l’une classique et l’autre avec Bionic Reading. Avec plus de 116 000 likes et plus de 17 000 retweets, cette publication a suscité des commentaires positifs et négatifs. Des utilisateurs de Twitter ont affirmé que Bionic Reading leur avait permis de lire plus vite. D’autres déclarant être atteints d’un déficit de l’attention (TDAH) ont également indiqué que la méthode de lecture les aide à se concentrer. « Je suis passé d’impossible à lire à je serais ravie de lire si c’était écrit de cette façon », a par exemple tweeté une personne.
De l’autre côté, certains restent sceptiques, affirmant qu’il ne doit pas être testé avec le même texte car la lecture avec Bionic Reading est plus facile et plus rapide en lisant d’abord la version classique. D’autres estiment même que cette technique ne fonctionne pas et les ralentit, en les poussant à se focaliser sur certains mots. Enfin, des individus s’opposent tout simplement à cette méthode qui transforme la lecture : « C’est une abomination, une technoperversion écoeurante de l’expérience humaine de la lecture avec loisir et réflexion, la transformant en un autre acte sans âme d’efficacité et de rapidité, et appelant cela “progrès” », a ainsi tweeté un utilisateur.
L’outil suscite un engouement certain parce que les habitudes de lecture ont profondément été modifiées ces dernières années avec la poussée des réseaux sociaux et la flambée de l’infobésité. On survole plus, mais on lit moins. Selon une récente étude menée par le Centre national du livre auprès de 1 500 jeunes de 7 à 25 ans, le temps passé devant un écran augmente au détriment de la lecture de livres. Une méthode comme celle présentée ici pourrait peut-être permettre aux lecteurs de lire plus, plus vite, en espérant que la compréhension du texte suive. Quant au plaisir de lire, qui ne peut se départir de la volonté de lire, c’est encore une autre histoire.