Tandis que le Festival de Cannes bat son plein, les entrées en salles patinent. Une nouvelle étude publiée par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) le 23 mai avance tant bien que mal des éléments de réponse à la baisse de fréquentation des salles.
À l’occasion d’une table ronde organisée au Festival de Cannes sur l’avenir des salles de cinéma, l’institut Vertigo a dévoilé le lundi 23 mai les résultats d’une étude commandée par le CNC – Pourquoi les Français vont-ils moins souvent au cinéma ? – qui tente d’exposer les raisons de la baisse de fréquentation des salles de cinéma par rapport aux chiffres d’avant-crise.
En effet, malgré quelques embellies liées par exemple à la Fête du cinéma, aux périodes de vacances scolaires ou à la sortie de blockbusters comme Spider-Man : No Way Home ou Mourir peut attendre, la reprise de la fréquentation des salles de cinéma reste parcellaire et peine à retrouver son niveau d’antan : depuis la réouverture des salles le 19 mai 2021, 150 millions d’entrées ont été enregistrées, soit une baisse de la fréquentation de 28 % par rapport à la période 2017-2019 ; en avril, premier mois complet sans restrictions sanitaires, la fréquentation est péniblement remontée à – 23%. Comment, alors, expliquer cette stagnation ?
Une simple question d’habitude ?
Selon les résultats de l’étude, menée auprès d’un échantillon d’un peu moins de 1 200 personnes interrogées du 2 au 6 mai, plusieurs facteurs sont à prendre en compte : sur les 48% des Français qui déclarent aller moins souvent voire plus du tout au cinéma depuis la réouverture de salles, 38% d’entre eux évoquent tout simplement avoir perdu l’habitude d’aller en salles – certainement pas une raison suffisante pour expliquer la baisse de la fréquentation. Or l’étude montre également que 36% d’entre eux estiment que le prix du billet est trop élevé (7,04 € en moyenne) ; 33% citent le port du masque (qui n’est désormais plus obligatoire) ; 26% déclarent préférer regarder des films sur d’autres supports ; enfin 23% ne trouvent pas particulièrement d’intérêt aux films proposés. On passera sur les 3% qui considèrent que la qualité de projection n’est pas assez satisfaisante ou les 4% qui trouvent que les cinémas ne sont pas assez confortables.
Dans l’ensemble, cette étude confirme que la baisse de fréquentation des salles de cinéma a effectivement pâti de la crise sanitaire, non seulement en raison des restrictions qui furent en vigueur, mais également du fait que la crise a profondément changé les habitudes des consommateurs. À ce jour, 35% des Français qui déclarent déclarent regarder des films sur d’autres supports sont abonnés à une ou plusieurs plateformes de SVOD. Mais entre le manque d’intérêt pour la programmation des salles, le prix du billet et l’attrait des plateformes, cette baisse semble être peut-être avant tout structurelle.
À l’avenir, le cinéma français devra donc réfléchir à des solutions pour reconquérir son public : le CNC évoque déjà plusieurs pistes portant sur la programmation, l’expérience de la salle, les offres tarifaires ainsi qu’une meilleure promotion des films en amont. Un sacré chantier, en somme.