Alors que les sanctions économiques se multiplient contre la Russie, le pays pourrait-il se tourner vers les cryptomonnaies ? Est-ce une alternative viable ?
Avec l’exclusion de plusieurs banques russes du réseau de traitement de transactions bancaires Swift, la Russie se trouve isolée sur le plan économique et le rouble s’effondre. Le pays semble donc avoir peu d’alternatives en dehors de l’utilisation de cryptomonnaies.
La Russie est dans l’impasse
Selon la passerelle de paiement TripleA, 12% des Russes — soit 17 millions de personnes — possèdent des cryptomonnaies, l’équivalent de 22,9 milliards de dollars au total. Ce nombre pourrait augmenter, car la population a peur que les cartes bancaires cessent de fonctionner et ne sait pas vers quel moyen de paiement elle pourra se tourner. De plus, les plateformes comme Apple Pay et Google Pay sont également bloquées dans le pays et le ministre ukrainien de la transition numérique Mykhailo Fedorov a indiqué sur Twitter ce samedi que PayPal suspendait ses services en Russie.
Pas viable sur le long terme et à grande échelle
Les experts en cryptomonnaies l’affirment, elles ne seront pas une bonne alternative pour la Russie. « Sur le long terme, cela ne se prête pas vraiment à de grosses transactions comme le fait un État, explique le journaliste Grégory Raymond sur France Info. Toutes les transactions en bitcoin se font sur la blockchain et tout est transparent, et un État a besoin de discrétion. »
Jake Chervinsky, chef des politiques de la Blockchain Association, a affirmé sur Twitter que le gouvernement russe n’est même pas intéressé par l’idée : « La Russie n’utilise pas la crypto pour contourner les sanctions, n’a pas montré son intérêt pour l’usage des crypto pour contourner les sanctions, et ne pourrait pas utiliser la crypto pour contourner les sanctions même si elle le voulait. » Il explique que les besoins financiers de la Russie dépassent largement la capacité des marchés crypto qui sont « trop petits, trop coûteux et trop transparents pour être utiles à l’économie russe. »
Et si les cryptomonnaies sont censées être décentralisées et politiquement neutres, la Blockchain Association a enfoncé le clou sur son compte Twitter : « L’industrie crypto basée aux États-Unis est fière de soutenir les efforts pour isoler le Kremlin financièrement, tout en aidant les Ukrainiens dans leur lutte contre le totalitarisme, y compris en levant plus de 50 millions de dollars en crypto-dons pour la sécurité et l’aide humanitaire depuis l’invasion russe. »