Emily est de retour, mais pas à Paris. Dans la saison 5, en ligne le 18 décembre sur Netflix, l’expat américaine s’offre une échappée belle à Rome, en compagnie de son nouvel amoureux. Mais a-t-elle dit ciao à Paris indéfiniment ?
Comment ça, Emily in Paris n’est plus à Paris ? Eh oui ! Le final de la saison 4 s’achevait sur un twist : l’agence Grateau ouvrait un nouveau bureau à Rome, et Sylvie (Philippine Leroy-Beaulieu) plaçait Emily (Lily Collins) à sa tête. Un nouveau départ professionnel qui arrangeait bien les affaires amoureuses de la jeune femme, en couple avec Marcello Muratori (Eugenio Franceschini), héritier d’une entreprise italienne de cachemires de luxe.
En ce début de saison 5, on retrouve donc Emily, Marcello, Sylvie et toute la clique parisienne (les scénaristes s’arrangent pour rameuter la quasi-totalité des protagonistes) en pleine dolce vita. Alors que notre héroïne tente de séduire Antonia Muratori (Anna Galiena), la mère de Marcello, pour attirer la marque dans le giron de l’agence Grateau, Sylvie retrouve une vieille amie excentrique, la princesse Jane (Minnie Driver), prête à l’aider à conquérir Rome.
La dolce vita versus la vie en rose
Après cinq saisons passées quasiment exclusivement en France, on comprend que les scénaristes aient eu envie d’offrir un nouveau départ à Emily. Et qui dit nouveau départ dans Emily in Paris, dit nouvelle culture à découvrir. Le choix de l’Italie – avec sa riche histoire et ses monuments qui rivalisent aisément avec ceux de la France, mais aussi son rapport intense à la mode –, correspond en tout point à l’esprit de la série.

Les premiers épisodes nous offrent donc la version carte postale de Rome, pour le pire et pour le meilleur. À l’instar des Parisiens et Parisiennes, les Romains et Romaines fulmineront sans doute face à certains clichés véhiculés par le show, tandis que les étrangers auront une furieuse envie de dolce vita.
L’intrigue se concentre en tout cas sur la famille Muratori, la matriarche Antonia restant hermétique aux sirènes du profit chantées par Emily. Cela permet à la série d’aborder le concept de « quiet luxury » : la marque fabrique ses cachemires en édition limitée dans la petite ville de Solitano (qui n’existe pas, mais est inspirée d’Ostia Antica, une station balnéaire près de Rome) avec des tissus rares.

Muratori met en valeur le savoir-faire de ses artisans, la modestie et l’authenticité. Cette marque fictive au cœur de cette cinquième salve a d’ailleurs été inspirée par Brunello Cucinelli, une vraie marque de cachemire italienne, célèbre pour sa stratégie de « quiet luxury » et ses pratiques commerciales éthiques.
Le cœur a ses raisons
Si ce contraste avec les marques parisiennes et les précédentes saisons plus bling-bling à Paris fonctionne bien, la relation amoureuse entre Marcello et Emily reste bien sage. Même quand la série tente de la pimenter, avec un épisode autour de la jalousie, le constat est sans appel : traitez-nous de chauvines, mais l’alchimie n’est pas la même qu’avec Gabriel (Lucas Bravo, également à l’affiche des Saisons, en ce moment sur Arte.tv).

Notre chef étoilé à l’éternelle tête de chien battu a beau être peu présent cette saison, ses quelques scènes avec Emily rallument une flamme jamais vraiment éteinte. Leur « will they, won’t they » (« ira, ira pas ? ») reste l’un des cœurs battants (et frustrant pour le public) du programme.
Un quota supplémentaire d’étincelle romantique nous est servi grâce à la formation d’un nouveau couple impossible et attachant : celui d’Alfie (Lucien Laviscomte) et Mindy (Ashley Park, pourvoyeuse officielle de performances de danse et de chant virevoltantes), les deux petits soleils de la série. Cette intrigue secondaire se révèle bien plus sexy que celle d’Emily et Marcello, et la fin de la saison promet bien du drama pour la suivante.

Côté romances sexy et éphémères, on peut compter sur l’aventureuse Sylvie pour nous régaler : en froid avec son mari, l’élégante soixantenaire va se dégoter un nouveau mec muy caliente. Personnage de femme puissante et indépendante qui ne se laisse marcher sur les pieds par personne, Sylvie, interprétée par la toujours parfaite Philippine Leroy-Beaulieu, demeure l’un des atouts majeurs d’Emily in Paris. Sa trajectoire, autant professionnelle que personnelle, se montre des plus fun cette saison.
Vive les amitiés féminines
Sylvie a aussi des amies, et ça fait plaisir. La queen du marketing s’amuse en effet avec la princesse Jane, une noble désargentée, mais toujours très déconnectée du monde réel (le monde réel étant, dans le cas présent, celui d’Emily et Sylvie) et incarnée par une Minnie Driver irrésistible. De retour à Paris – comme le suggérait le trailer, les affaires reprennent dans la capitale vers le milieu de saison –, Sylvie retrouve une autre vieille copine, Yvette, jouée par – cocorico – Michèle Laroque. Leur relation est un délice à suivre.

Plus généralement, la série met en avant les joies et les complexités des amitiés féminines. La relation entre Mindy et Emily, notre duo d’amies à la vie à la mort, va aussi connaître quelques remous quand la première décide de cacher à la deuxième son coup de cœur pour Alfie. Les deux jeunes femmes grandissent côte à côte et vont apprendre de leurs erreurs.
Emily in Europe
On retrouve aussi cette saison tout ce qui fait le succès de cette série « évasion » : des personnages à la garde-robe à faire pâlir une certaine Carrie Bradshaw, des paysages italiens et des décors à couper le souffle (dont un caméo de la très belle gare d’Austerlitz et du quartier de Montmartre dans un épisode hommage aux artistes de la Belle Époque), avec un final sur les eaux de Venise, et une promesse de nouvelle destination dans le cliffhanger (mais chut, on vous laisse le découvrir).

Si la saison 4 nous avait réservé un improbable caméo de Brigitte Macron, la Première Dame française, Emily in Paris est une série plutôt ignorante de la politique. On note toutefois qu’un des épisodes de ce nouveau chapitre se déroule durant la Pride parisienne.
Si le message reste très light par les temps qui courent, en Amérique comme en Italie (rappelons que la présidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni, est à la tête du parti d’extrême droite Frères d’Italie), et que les intrigues amoureuses concernant Julien (Samuel Arnold), seul personnage LGBTQ+ de la série depuis le départ de Camille (Camille Razat), sont toujours réduites à un mouchoir de poche, cet épisode redonne tout de même un peu d’air progressiste à l’œuvre.

En s’autorisant une escapade italienne, Emily in Paris nous entraîne dans de nouvelles aventures pas nécessairement inoubliables, mais du moins exotiques. Tout en gardant son cœur à Paris, la série ouvre ainsi des perspectives pour la suite de ce show « carte postale » de l’Europe, certes remplie de clichés et de rebondissements souvent prévisibles, mais qui reste un plaisir coupable réconfortant en des temps moroses.