Le rappeur marseillais signe son deuxième album studio de l’année 2025, après D&P à vie. Conçu comme un double disque, ce nouvel opus prolonge l’exploration de son univers tout en élargissant son horizon, toujours marqué par une ouverture vers des influences internationales et méditerranéennes.
L’arrivée de TP sur TP confirme un rythme et une dynamique que seul le rappeur marseillais semble capable de tenir. Sorti ce 5 décembre, le 25e album de Jul rassemble pas moins de 32 titres répartis sur deux disques, enregistrés en 12 jours dans un studio parisien. L’artiste revendique une méthode fondée sur l’instinct, loin de toute stratégie, fidèle à l’idée que « tout sur l’inspi du moment » guide sa création.
Des collaborations multiples et étonnantes
L’ampleur du projet se mesure notamment à la variété des invités. Parmi eux : le chanteur américano-sénégalais Akon, ou encore Naza, Salima Chica, Morad, Dyce, El Chapo Junior, Marcu Antone Fantoni mais aussi le groupe corse I Muvrini. Une distribution internationale cinq étoiles, qui confirme l’influence de Jul sur la scène mondiale.
Parmi les morceaux phares, Ma p’tite prison (feat Akon) offre une atmosphère apaisée et mélancolique dans un duo où les voix se répondent avec une douceur inattendue. Le refrain chanté par l’artiste américain apporte une intensité dans la discographie du Marseillais. Le projet prolonge également l’attrait pour les influences hispaniques. Tu Quieres, enregistré avec Morad, ou encore Ojala Que Fueras Tu avec Dyce, présent sur le deuxième disque.
L’honneur donné au chant corse
Une autre couleur s’impose dans TP sur TP : la musique corse. Le morceau le plus marquant de l’album, À chacun sa victoire, réunit Jul et I Muvrini. L’ouverture repose sur une guitare classique et un chant traditionnel de plus d’une minute avant que la voix du rappeur ne prenne le relais. L’ensemble dégage une intensité inhabituelle, rappelant l’impact de Capata sur Inarrêtable, en collaboration avec Francè Zito.
Sur le second volume, Per l’eternita avec Marcu Antone Fantoni explore une esthétique plus proche de celle de Jul mais conserve la dimension polyphonique. Pour la première fois, il y chante lui-même en corse, ajoutant une nuance supplémentaire à son exploration insulaire.
Entrer dans la fabrique
Ce nouvel opus s’accompagne d’une initiative rare pour l’artiste, peu habitué aux formats médiatiques : la mise en ligne d’un documentaire consacré à son quotidien créatif. Intitulé Soum Soum et diffusé sur YouTube, le film nous plonge pendant 45 minutes dans son processus de travail, entre sessions en studio, échanges avec ses proches et apparitions d’invités.
On y observe des nuits entières de composition, des moments de doute et la présence constante d’un entourage fidèle depuis ses débuts. « Je ne joue pas un rôle pour la musique. Mes sons, ce sont mes souvenirs », confie-t-il (propos rapportés par NRJ). Le documentaire revient aussi sur les amitiés, les déceptions et les trahisons qui ont jalonné sa carrière, donnant un éclairage plus intime à l’énergie qui irrigue TP sur TP.
L’album lui-même déploie une palette de sonorités variées sans renier la ligne qui a façonné sa discographie. Nostalgique, Tu Tenenew, Des inconnus ou Cassage de nuques en témoignent. Ce nouveau projet révèle un artiste qui continue d’étendre ses registres tout en restant fidèle à son principe : créer sans relâche.