Le réseau social chinois annonce l’arrivée prochaine d’un curseur permettant de réduire l’exposition de son compte aux contenus générés par IA.
Marre que votre flux TikTok soit pollué par de « l’AI slop » – le contenu idiot généré par intelligence artificielle dans l’unique but de susciter de l’engagement facile ? Le réseau social vous a entendu. Contrairement à Instagram, qui laisse proliférer ce genre de contenus (et dont la maison mère, Meta, a même carrément lancé une application qui ne vous propose que ça pour concurrencer Sora), TikTok testera dans les prochaines semaines un nouveau filtre permettant de bloquer les vidéos IA.
Réduire son exposition à l’AI slop
TikTok annonce que le centre de contrôle des sujets de prédilection de son compte sera prochainement enrichi d’un curseur dédié au contenu généré par intelligence artificielle. Tout comme ce menu permet déjà, sur son smartphone, de réduire le nombre de vidéos de danse, de beauté ou de fitness que l’on se voit proposer, il permettra bientôt de freiner les contenus d’IA slop qui s’invitent dans notre flux algorithmique.
Comme l’explique The Verge, le curseur permet, au choix, de réduire de deux « crans » l’exposition au contenu « AI gen », ou au contraire de l’augmenter par deux fois. On ignore encore si, dans le cas où le curseur est positionné sur la position la plus réductrice, le contenu en question disparaît tout simplement de la plateforme (c’est peu probable).
Mais, pour que tout cela fonctionne, encore faut-il que TikTok sache reconnaître ce qui est un contenu généré par IA ou non. Le réseau social explique qu’il va commencer à intégrer des filigranes invisibles aux vidéos issues de ses propres outils comme AI Editor Pro, ainsi qu’à toutes les vidéos porteuses des crédits C2PA Content Credentials – un standard permettant de connaître comment une vidéo a été modifiée par IA. Déjà 1,3 milliard de vidéos auraient été labellisées comme étant générées par IA, écrit TikTok.
Comment expliquer le succès du contenu généré par IA ?
À l’heure où Sora, le réseau social d’OpenAI (créateur de ChatGPT) caracole en tête des téléchargements sur mobile aux États-Unis, on peut avoir l’impression d’être déconnecté de son époque. La plateforme ne propose que du contenu généré par intelligence artificielle, en permettant à tout un chacun de se mettre en scène dans des vidéos générées par Sora 2, le dernier modèle de la firme américaine.
Pourtant, le succès de l’AI slop s’intègre comme un nouveau maillon naturel dans la tournure prise par les réseaux sociaux depuis le début de la décennie. Le contenu généré par IA ne choque plus ; il n’est plus qu’une extension naturelle des détournements humoristiques (ou pas) que l’on trouve sur Internet depuis 20 ans. On pousse simplement le degré de réalisme plus loin… ce qui pose évidemment d’énormes problèmes en matière de désinformation. Pour preuve : 97 % des auditeurs se disent aujourd’hui incapables de distinguer un morceau généré par IA d’un titre composé par un artiste de chair et de sang.
Mais, à l’heure où les libertés de la presse reculent et où les enquêtes sourcées sont noyées sous un flot ininterrompu de contenu facile, jetable, mieux vaudrait ne pas prendre trop à la légère l’apparente innocence de l’intelligence artificielle générative, qui ne fait pas grand-chose d’autre que de normaliser le bruit ambiant.
