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Mrs Playmen, l’histoire vraie d’une icône de la liberté féminine italienne

13 novembre 2025
Par Sarah Dupont
“Mrs Playmen”, le 12 novembre 2025 sur Netflix.
“Mrs Playmen”, le 12 novembre 2025 sur Netflix. ©Netflix/Beniamino Ziccardi

Inspirée de faits réels, la série Netflix retrace le destin d’Adelina Tattilo, éditrice italienne qui bouleversa les codes de la morale et du désir dans l’Italie des années 1970 avec son magazine Playmen.

Dans la Rome des années 1970, une femme catholique se met à publier… des corps nus. Tandis que l’Italie s’indigne, elle revendique la liberté du désir. Mrs Playmen, disponible sur Netflix depuis le 12 novembre, raconte son histoire. Adelina Tattilo, pionnière de la presse érotique et fondatrice du magazine Playmen, est devenue symbole de scandale et d’émancipation féminine, dans un pays encore muselé par la morale chrétienne. Créée par Mario Ruggeri et réalisée par Riccardo Donna, la série de sept épisodes s’inspire directement de sa trajectoire. Elle est interprétée par Carolina Crescentini.

Adelina Tattilo, la « Hugh Hefner italienne »

Née en 1928 dans les Pouilles, Adelina Tattilo devient dans les années 1960 l’une des rares femmes à la tête d’un empire de presse. Avec son mari, Saro Balsamo, elle lance Menelik, Big puis Men, avant de fonder Playmen en 1967, un mensuel mêlant nus, essais et entretiens d’intellectuels. Interdit dans plusieurs villes, le magazine atteindra 450 000 exemplaires vendus en quatre ans.

Lidia Vitale, Carolina Crescentini et Francesca Colucci dans Mrs Playmen.©Netflix/Beniamino Ziccardi

Dans ses pages, le Time la surnommait en 1971 « le Hugh Hefner italien ». Mais contrairement au fondateur de Playboy, Tattilo ne prodiguait pas de conseils sexuels aux lecteurs. « Il est possible que M. Hefner considère les femmes de son magazine comme des objets plutôt que comme des individus, avait-elle déclaré auprès du média américain. Ce n’est certainement pas ma façon de voir les choses. Dans notre conception de l’érotisme, la femme est autant sujet que l’homme. Je pense que la femme américaine devrait d’abord songer à se libérer d’elle-même, de son propre mythe qui menace d’écraser l’homme américain. »

En guerre contre la censure

Tattilo choisissait elle-même les modèles de couverture, supervisait les séances photo et n’hésitait pas à publier des clichés volés de Brigitte Bardot ou Jackie Kennedy. Ses numéros étaient régulièrement saisis par la police.

Francesco Colella et Carolina Crescentini dans Mrs Playmen.

Sous son impulsion, Playmen est devenu une tribune sur la liberté sexuelle, le divorce, l’avortement ou la drogue. Militante socialiste, proche de Bettino Craxi, Tattilo défendait une presse provocante, mais engagée, persuadée que l’érotisme pouvait être une forme de résistance politique.

La série est-elle fidèle à la réalité ?

La série Netflix s’autorise quelques inventions pour rendre ce combat plus romanesque. Les personnages d’Elsa, la serveuse photographiée à son insu, ou de Luigi, le jeune photographe, sont fictifs, créés pour incarner les débats moraux qui entouraient la revue. En revanche, la disparition de Saro Balsamo ou la publication de clichés scandaleux sont des faits authentiques.

Sous ses airs de chronique sulfureuse, Mrs Playmen est surtout le portrait d’une femme qui a transformé le scandale en pouvoir. La mise en scène, les décors de la Rome d’époque et la prestation nuancée de Carolina Crescentini offrent à Adelina Tattilo une réhabilitation tardive, mais sincère.

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