Orelsan signe ce 7 novembre un nouvel album où doutes, paternité et célébrité se mêlent dans un autoportrait lucide et sans complaisance.
Quelques jours après la sortie de son film Yoroï, Orelsan livre La fuite en avant, un disque miroir de son long-métrage. Quatre ans après l’immense succès de Civilisation, le rappeur caennais est de retour avec cet album plus personnel, centré sur la célébrité, la paternité et les doutes d’un artiste arrivé à maturité. Ce cinquième opus rencontrera-t-il le même engouement que ses prédécesseurs ? Voici les premiers retours de la presse.
Un miroir musical
La fuite en avant ne constitue pas la bande originale du film. Certes, plusieurs morceaux ponctuent l’œuvre de David Tomaszewski – dans lequel Orelsan incarne une star acculée par ses propres peurs –, mais l’opus reste un travail à part entière, qui complète le nouveau projet artistique du rappeur.
Produit par Skread et Phazz, l’album compte 17 titres, avec quelques collaborations : Thomas Bangalter (membre des Daft Punk), Yamê, SDM, Lilas Ikuta du duo japonais Yoasobi ou encore le groupe sud-coréen Fifty Fifty. De quoi façonner une œuvre à la croisée du rap, de la pop et de l’électro, pensée comme un voyage intérieur entre la Normandie et le Japon.
Éloge de la sincérité, lassitude du ton
La critique salue dans l’ensemble un album maîtrisé. Le Monde évoque « un disque où le rappeur normand, devenu père, se confronte à ses démons avec une lucidité désarmante ». Pour Tendance Ouest, La fuite en avant est « un album introspectif qui n’épargne personne, ni lui, ni les autres », tandis que France Info y voit « un retour sans demi-mesure, un autoportrait lucide et sincère ».
« Quatre ans plus tard, force est d’admettre qu’il ne s’éloigne guère du cadre qu’il s’est lui-même créé », estime Les Inrocks, ajoutant : « Les thèmes sont connus, mais Orelsan, là est sa force, parvient systématiquement à leur donner une autre teinte, à les figer dans une nouvelle forme d’instant. » Enfin, RFI, à peine plus nuancé, salue un disque « dense et honnête », « mais gagné parfois par un apaisement sans éclat ».
Paternité et célébrité
Plusieurs titres reviennent régulièrement dans les critiques. Le pacte, morceau d’ouverture, est unanimement salué. France Info y voit « un titre coup-de-poing où Orelsan règle ses comptes avec la célébrité et l’hypocrisie du milieu », tandis que l’AFP parle d’un « incipit sans concession » où il assume « le revers de la médaille ».
Le Monde souligne la force du diptyque Deux et demi et Dans quelques mois, où le rappeur « transforme l’angoisse de la paternité en confession pudique et universelle ». Plus loin, RFI relève l’efficacité de Sama, « alter ego cruel formé par les critiques et le burn-out », qui renoue avec la verve cynique de ses débuts. Enfin, Les Inrockuptibles notent que Boss et La petite voix « illustrent un artiste en pleine introspection, capable de tourner en dérision ses propres failles ».
Notre écoute
« Miroir » : c’est en effet le mot juste pour désigner ce nouvel opus. La fuite en avant renvoie l’image d’un artiste lucide, qui ne triche pas avec ce qu’il est devenu. Orelsan confirme une fois de plus son rang d’auteur majeur du rap hexagonal, non par la rupture mais par la constance. Si l’ensemble s’aventure parfois un peu loin dans l’introspection, au risque de perdre le décalage qu’on aimait chez les Casseurs Flowters, il reste solide et bienvenu.
Musicalement, la production demeure exemplaire. Après La terre est ronde, Basique ou L’odeur de l’essence, difficile de distinguer le futur hymne de ce nouvel album – peut-être Le pacte, qui donne immédiatement le ton. Plus qu’un simple retour, Orelsan avance en restant fidèle à lui-même. Un disque sans fard, qui rappelle qu’il n’a jamais eu besoin d’artifice pour se raconter.