Critique

Avec Tron: Ares, la saga innove et se réinvente

08 octobre 2025
Par Robin Negre
“Tron: Ares”, au cinéma le 8 octobre 2025.
“Tron: Ares”, au cinéma le 8 octobre 2025. ©Disney

Les studios Disney proposent un troisième film ambitieux, qui développe un discours surprenant et intéressant autour de l’IA.

Arlésienne en développement depuis plus d’une décennie, le nouveau film de la saga Tron sort enfin sur grand écran ce 8 octobre 2025. Nouvelle exploration du mythe, entre fidélité et idées innovantes, Tron: Ares est un opus solide et complet qui confirme que la saga a encore des choses à raconter.

Jared Leto dans Tron: Ares.©Disney

Quinze ans après Tron : l’héritage (2010), la franchise SF est donc de retour au cinéma, pilotée cette fois-ci par Joachim Rønning. Le long-métrage suit la course effrénée au progrès de deux entreprises informatiques – dont ENCOM, la société historique dans la saga –, qui cherchent à révolutionner le monde grâce aux programmes artificiels. Lorsqu’Ares, un programme surdéveloppé, est matérialisé dans le monde des humains, la situation bascule et risque de créer la collision des deux univers. 

Quelle place pour l’intelligence artificielle ?

Au cœur de Tron: Ares, l’intelligence artificielle est une nouvelle fois questionnée. Si, en 1982 et 2010, le sujet de l’IA était déjà présent, sa place en 2025 est toute autre. Alors même que le bouleversement social, culturel et politique provoqué par cette technologie se perçoit de plus en plus, ce nouvel opus s’interroge sur son rôle, en ayant pleine conscience des enjeux actuels. Le film fait ainsi un choix surprenant, lui conférant tout son intérêt et sa singularité.

Alors que l’IA est souvent représentée comme une entité pouvant prendre le contrôle de l’humanité dans le but de la détruire (c’était le cas, d’ailleurs, dans Tron : l’héritage), Tron: Ares fait le choix inverse. Et si l’intelligence artificielle permettait à l’humanité de se surpasser avec bienveillance ? On pourrait y voir un discours cynique de la part de Disney. Mais, en posant comme idée que l’IA serait peut-être bénéfique au fil du temps, Tron: Ares surprend sans pour autant ignorer les problématiques posées par ces nouvelles technologies.

Greta Lee dans Tron: Ares.©Disney

Le film a une portée optimiste, mais n’occulte pas la réalité de la chose avec le personnage d’Ares. Le programme appartient à une entreprise avide qui cherche à créer le programme militaire ultime, développé dans la Grille – le réseau informatique –, remplaçable à volonté, plus fort et plus rapide que les soldats humains. Avant même que l’IA évolue vers un désir d’humanité, Tron: Ares montre que l’intelligence artificielle peut être dangereuse. Pire : que les humains qui en ont la charge sont les véritables responsables de la catastrophe annoncée.

Pour incarner ce programme surdéveloppé, l’acteur Jared Leto devient le nouveau visage de la franchise. Avec charisme, le fan inconditionnel de la saga Tron donne corps à ce programme sophistiqué, annoncé comme impitoyable, mais qui évolue vers l’inconnu.

Tron: Ares.©Disney

Visuellement réussi

Tron a toujours été synonyme de révolutions visuelles. Le premier film en 1982 réinventait la science-fiction en allant pour la première fois au cœur des circuits informatiques, matérialisés par des courses de moto cultes, par l’humanisation des programmes informatiques et par le rendu visuel reconnaissable.

Tron : l’héritage (2010) est, pour sa part, un film post-Matrix (1999). Tout en offrant un visuel réinventé – avec ses couleurs dominantes de bleu et d’orange –, le film développe en profondeur la mythologie de la franchise avec un nouveau regard sur les programmes informatiques.

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De son côté, Tron: Ares ne déçoit pas et fait de même. Le film poursuit le propos autour des programmes – avec le discours entourant l’IA – et arrive à se démarquer visuellement des deux précédents films. En projetant les programmes dans le monde humain, Tron: Ares change de point de vue. La couleur dominante est désormais le rouge, les motos sont toujours aussi rapides, mais s’intègrent dans les villes. Plongé dans l’architecture du monde réel, le spectateur est loin de l’univers fantasmagorique et sombre de la Grille.

Les scènes d’action en deviennent plus organiques. La destruction ne concerne pas un monde abstrait fait de codes et de programmes, mais bien le monde humain, avec ses vies perdues et ses conséquences.

Tron: Ares©Disney

Pour servir cette réalité organique, le réalisateur a fait appel au groupe Nine Inch Nails (NIN), la formation composée par Trent Reznor et Atticus Ross. Le duo succède aux Daft Punk qui officiaient sur la bande originale du film de 2010. Le groupe joue avec les basses et les musiques dissonantes. La musique de NIN est puissante, omniprésente, électronique, mais également capable d’être douce et touchante.

L’émotion au cœur du film

Là où Tron: Ares surprend, c’est par son aspect émotionnel. Plus que les deux précédents films, ce nouvel opus joue la carte de l’émotion, notamment autour du personnage incarné par Greta Lee (Past Lives, The Studio…), nouvelle dirigeante du groupe ENCOM, qui tente de réaliser le souhait de sa sœur décédée.

Tron: Ares est aussi intéressant par son rapport au passé et à la nostalgie. Toujours à travers le personnage de Jared Leto, le film ne cache pas son admiration pour les deux opus précédents, alors que la figure emblématique de la saga, Flynn, est une nouvelle fois interprétée par l’immense Jeff Bridges. Touchant, sincère, authentique, l’acteur devient le fil rouge de la saga.

Tron: Ares.©Disney

Tron: Ares est une très bonne surprise. Après des années à tenter de ramener la saga sur grand écran, les studios Disney y parviennent en mêlant nostalgie et innovation. Respectant l’héritage des précédents films, le long-métrage se démarque grâce à son propos sur l’intelligence artificielle, son émotion et son idée de faire venir les programmes dans le monde réel.

Toujours aussi efficace visuellement, la saga Tron a la capacité à se renouveler selon les préoccupations des époques dans lesquelles elle s’inscrit. Tron: Ares ne déroge pas à la règle et constitue un véritable troisième opus – et non un reboot caché – qui a tout pour relancer la franchise sur grand écran.

la bande-annonce de Tron : Ares.

Tron: Ares, de Joachim Rønning, avec Jared Leto, Greta Lee et Evan Peters, 1h59, au cinéma le 8 octobre 2025.

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