Libre adaptation de la BD éponyme, Les sentinelles est un pari audacieux mêlant récit historique et approche fantastique. Une uchronie spectaculaire, qui impressionne autant qu’elle divise la presse.
« Imaginez la greffe entre Pierre Lemaître et Captain America, le tout dans une ambiance steampunk à la Tardi », prévient Xavier Leherpeur sur France Inter. Diffusés à partir du 29 septembre sur Canal+, les huit épisodes des Sentinelles sont une libre adaptation de la bande dessinée de Xavier Dorison et Enrique Brecia (Éditions Delcourt). « Nous voulions raconter l’odyssée d’une sorte de Robocop des tranchées, tiraillé entre son devoir militaire et sa quête personnelle », explique le créateur de la série à Télé-Loisirs.
Imaginée et pilotée par Guillaume Lemans (Un homme idéal) et Xabi Molia (Un bon début), la production est portée par un casting prometteur. Louis Peres (Germinal), Thibaut Evrard (Paris Police 1905), Kacey Mottet Klein (L’événement), Carl Malapa (Mortel), Olivia Ross (Knightfall) ou encore Ouassini Embarek (Athena) nous font voyager en 1915, au début de la Première Guerre mondiale.
Une ambition visuelle qui fait l’unanimité
Laissé pour mort sur le front, le jeune Gabriel Ferraud est sélectionné pour un programme secret de l’armée française qui vise à créer des soldats augmentés. « Après qu’on lui a inoculé un sérum à l’origine mystérieuse, [il] se voit doté de capacités inédites, détaille le synopsis. Désormais plus fort, plus rapide, plus résistant qu’un être humain normal, il intègre une unité d’élite composée de soldats augmentés : les Sentinelles. Mais il est très vite confronté à une réalité terrifiante qui risque de faire basculer le sort de la guerre. »
Tournée en quatre mois avec une équipe de 400 personnes, la série s’affirme comme une super-production ambitieuse. Une audace que la majorité de la critique salue. Pour Télé Câble Sat, « Canal+ ose l’alliance improbable entre super-héros, Première Guerre mondiale et esthétique rétro-futuriste, avec cette [œuvre] singulière ». Un avis partagé par Télé Star, qui note que « l’accent est mis sur l’esthétique, avec des costumes et des décors soignés, notamment celui des Sentinelles, véritable armure digne d’un super-héros ».
L’impact visuel est également souligné par Télé-Loisirs : « C’est en premier lieu son esthétisme qui imprègne la rétine, avec ses costumes et décors sublimes ». Le magazine met aussi en avant le casting, des « jeunes comédiens pleins de talent et de fougue », saluant la performance de Thibaut Evrard qui « crève littéralement l’écran ». Un avis partagé par Xavier Leherpeur sur France Inter, qui évoque une « fresque époustouflante sur le plan de la reconstitution », dont les scènes d’action « n’ont pas à rougir de la comparaison avec le modèle américain ».
Un scénario qui peine à convaincre
Cependant, certains médias sont dubitatifs. Le Parisien se montre ainsi très mesuré et accorde à la série la note de 2,5/5. Le quotidien reconnaît des décors et une réalisation « musclée et crue », mais déplore un ensemble confus. « Ce cocktail rétrofuturiste et ultra-vitaminé […] peine à agir, estime le média. Car, à force de tout mélanger, on s’y perd. »
Télérama se montre également peu emballé, gratifiant la série d’un seul T – soit la mention « bof ». La rédaction estime que l’uchronie militaire « court derrière son modèle papier au message pacifiste, ici fade et souvent factice », et que, de ce récit à l’ambiance poisseuse, ne subsiste qu’une « épaisse purée de pois dopée au sound design, à travers laquelle peinent à exister soldats fatigués, espions adeptes de spiritisme, politicards interchangeables et scientifiques esseulés ». Seule l’actrice Pauline Étienne, « toujours impeccable, arrive à trouver la lumière ».
Entre spectacle total et loupés de scénario, le cœur des critiques balance, comme en témoigne la note moyenne de 3,5/5 attribuée par la presse sur AlloCiné. Certains, à l’image de Télé 7 Jours, y verront une preuve de « toute l’étendue de la créativité française » destinée aux adeptes « de SF, de super-héros et de sensations fortes ». Pour les autres, le doute subsistera. Reste une proposition audacieuse, singulière, qui ne laissera personne indifférent.
