Margot Robbie fait son retour sur grand écran aux côtés de Colin Farrell dans A Big Bold Beautiful Journey ; un film réalisé par Kogonada, loin de tenir la promesse de son titre. Critique.
Après l’onde de choc Barbie (2023), Margot Robbie est de retour sur grand écran avec A Big Bold Beautiful Journey. L’actrice australienne y incarne Sarah, une jeune femme hantée par la mort de sa mère, qui, à l’occasion d’un mariage, fait la rencontre de David (Colin Farrell). Le comédien récemment à l’affiche de la série The Pengouin sur HBO Max troque ici le costume et les prothèses d’Oswald Cobblepot pour un rôle plus touchant et inattendu.
La route est longue
En effet, Colin Farrell – qui renoue avec le réalisateur Kogonada après After Yang (2021) – incarne un ancien nerd du lycée, féru de comédie musicale et fraîchement divorcé. Avec Sarah, ils vont vivre une aventure fabuleuse et franchir plusieurs portes vers leurs passés respectifs. L’occasion pour ces deux âmes en peine de guérir d’anciennes blessures et de transformer leur avenir.
Sur le papier, A Big Bold Beautiful Journey avait tout pour séduire les cinéphiles adeptes de bons sentiments : deux acteurs talentueux, une romance fracturée et une aventure imaginaire rappelant à nos mémoires le terriblement génial film de Michel Gondry, Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) avec Jim Carrey et Kate Winslet.
Sauf que le résultat final ne fonctionne pas et n’est pas Michel Gondry qui veut. Bien que Kogonada explore à nouveau les liens familiaux et leurs déchirures après After Yang, A Big Bold Beautiful Journey manque réellement d’émotion. Là où le réalisateur était capable, dans son précédent film, d’offrir une quête intime et profonde, son nouveau long-métrage égraine finalement tous les clichés de la romance, sans véritable surprise. Il en ressort un long-métrage, semble-t-il, de commande, enfermé dans sa condition de film hollywoodien sans saveur.
Multipliant les clichés autour de ses personnages, le film plie sous les poncifs romantiques sans jamais faire le choix d’un second degré bienvenu. Pire : quand il s’autorise une certaine fantaisie, il rate sa cible. En témoignent les scènes lunaires portées par (le génial duo) Phoebe Waller-Bridge et Kevin Cline, les passages musical que performe Colin Farrell, ou encore les séquences de danse contemporaine décevantes.
Un road trip fastidieux
Toujours sur le fil d’un sérieux déroutant et peu sensible, A Big Bold Beautiful Journey se transforme rapidement en un voyage initiatique loin d’être excitant ou romantique. Si Kogonada souhaitait offrir un réel exercice artistique – voire métaphorique –, il livre surtout un film bercé par ambiance musicale trop présente et une mise en scène colorée, mais trop criarde.
Par ailleurs, et en dépit de leur talent évident, l’alchimie entre Margot Robbie et Colin Farrell ne parvient jamais à fonctionner. La dynamique de leurs personnages, cantonnée à des stéréotypes surfaits et assumés, manque d’originalité aussi bien dans les dialogues que dans l’écriture. Les acteurs qui nous ont habitués à des performances habitées, notamment dans Babylon (2024) ou Les Banshees d’Inisherin (2022), embarquent dans un road trip fastidieux, sans éclats d’acting.
A Big Bold Beautiful Journey ne possède aucun des arguments de son titre. En nous promettant « un grand voyage à la fois audacieux et magnifique », Kogonada et son casting ont finalement offert l’inverse. Il ressort un film ennuyeux qui, malgré un aspect fantastique bienvenu, croule sous les clichés de sa romance et peine à convaincre.
Après le succès monstrueux de Barbie, difficile de dire si les spectateurs se laisseront convaincre par A Big Bold Beautiful Journey et Margot Robbie. Resteront-ils au bord de la route ? En tout cas, aux États-Unis, où le film a déjà été diffusé, le long-métrage a enregistré un démarrage catastrophique avec seulement 3,5 millions de dollars de recettes le premier week-end, pour un budget total de 45 millions. Réponse pour les salles obscures françaises à partir du 1er octobre 2025.
