Arte dévoile ce soir une minisérie suédoise signée Tomas Alfredson qui revisite un scénario méconnu d’Ingmar Bergman. La critique française salue une fresque subtile, servie par une distribution habitée et une reconstitution soignée des années 1970.
Arte propose ce 25 septembre les trois premiers épisodes d’Infidèles, sa nouvelle série suédoise en six épisodes. Réalisée par Tomas Alfredson (La taupe), elle reprend un scénario écrit par Ingmar Bergman dans les années 1950, porté une première fois à l’écran en 2000 par Liv Ullmann. La scénariste Sara Johnsen choisit d’en déplier la matière en adoptant une construction polyphonique, où chaque protagoniste trouve sa voix dans un récit de passion et de remords.
Une intrigue à deux temporalités
L’histoire oscille entre la fin des années 1970 et le présent. Jeune réalisateur fraîchement divorcé, David retrouve à Stockholm son ami Markus, musicien, et l’épouse de ce dernier, Marianne, comédienne. Une liaison se noue, bouleversant leur entourage et marquant durablement leur fille Isabelle.

Quarante ans plus tard, David et Marianne se revoient, contraints de mesurer le poids de leurs choix. Le casting croise ainsi deux générations : Frida Gustavsson et Gustav Lindh incarnent Marianne et David jeunes, August Wittgenstein joue Markus, tandis que Poppy Klintenberg Hardy interprète Isabelle enfant.
Le récit et son héritage
Pour Le Monde, Alfredson « a choisi de dialoguer avec le fantôme » de Bergman, transformant le soliloque originel en « arc-en-ciel de souffrances, qui tordent la vie des amants, du mari trompé et de l’enfant ». Le format sériel, souligne France Inter, « convient parfaitement à ce récit bruissant et feutré sur l’adultère, l’engagement et la trahison ». La série prend ainsi le temps d’explorer la mécanique du désir et ses retombées.

Les critiques s’accordent à saluer la distribution. Télérama la considère « magistrale », tandis que Le Monde met en avant la force de Lena Endre, qui prête à Marianne âgée « une sagesse, une lucidité chèrement gagnées ».
La mise en scène et son esthétique
La reconstitution vintage retient également l’attention. Télérama parle d’une « superbe reconstitution des années 1970, décennie régulièrement caricaturée à coups d’orange criard ». Libération insiste, de son côté, sur la mise en abyme d’un film dans le film, où l’adultère se donne à voir sous l’œil du public.
Infidèles n’échappe pas à certaines réserves. Le Monde relève qu’au « risque de la raideur », la déférence d’Alfredson envers Bergman pèse parfois sur la fluidité. La critique note aussi que les personnages du passé « n’inspirent guère d’empathie » dans un premier temps. Mais, peu à peu, la série trouve son équilibre, notamment grâce à l’idée d’un secret trahi de l’enfant, matrice de tous les malheurs à venir.