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Le bel obscur, de Caroline Lamarche : le poids des silences

23 septembre 2025
Par Sarah Dupont
“Le Bel Obscur” est paru au Seuil le 22 août.
“Le Bel Obscur” est paru au Seuil le 22 août. ©Éditions Seuil

[Rentrée littéraire] Sélectionné au Goncourt et au prix Décembre, le nouveau roman de Caroline Lamarche s’impose comme l’un des temps forts de la rentrée littéraire. Il explore les silences de la mémoire familiale et les zones grises de l’amour, suscitant un large écho critique.

Publié au Seuil à la rentrée 2025, Le bel obscur signe le retour de Caroline Lamarche, autrice belge déjà distinguée par le Goncourt de la nouvelle en 2019. En 240 pages, le roman mêle enquête familiale et interrogation sociale. Sa sélection au prix Goncourt et au prix Décembre lui a offert d’emblée une visibilité particulière, confirmant l’ancrage de Lamarche parmi les voix majeures des lettres francophones.

Deux récits en miroir

Le livre s’articule autour de deux fils narratifs. D’un côté, la narratrice exhume la mémoire d’Edmond, ancêtre mort prématurément en 1865 et effacé de l’arbre généalogique. De l’autre, elle raconte sa vie auprès de Vincent, son mari qui lui a révélé son homosexualité après plusieurs années de mariage. Deux figures masculines, l’une spectrale, l’autre intime, qui font vaciller sa vie.

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Lamarche nourrit son écriture de documents familiaux, lettres et photographies anciennes. Le Monde souligne que l’écrivaine donne le sentiment de « jouer avec sa propre vie comme avec le feu », mais insiste : « Ce qui retient le lecteur n’est pas l’origine factuelle des histoires, mais leur puissance formelle. »

Un roman qui interpelle

Le livre a retenu l’attention par son sujet : la vie commune avec un conjoint homosexuel, les arrangements possibles et le poids des silences familiaux. Parmi les ouvrages de la rentrée, Libération l’évoque parmi l’un « des plus élégants », posant des questions dérangeantes sur le déni et le compromis dans le couple.

Dans Le Point, le roman est décrit comme « vibrant », porté par une narratrice qui retrouve « les pleins pouvoirs sur une situation qui lui aura échappé ». La Tribune du Dimanche insiste aussi sur cette « vibration » née du dialogue entre la narratrice et l’aïeul oublié, deux figures unies par une même « assignation à l’invisibilité ». Les premiers retours saluent ainsi une œuvre à la fois intime et universelle, capable de transformer une expérience personnelle en réflexion collective.

Une autrice plusieurs fois récompensée

Née en 1955, Caroline Lamarche a vécu son enfance dans les Asturies et en région parisienne. Après des études de philologie romane, elle a exercé comme enseignante avant de travailler dans l’administration. Victime d’insomnies, elle commence à écrire dès les années 1990. Romancière, nouvelliste, poète, autrice de textes radiophoniques… elle publie plus d’une trentaine d’ouvrages variés. Le jour du chien (1996) lui vaut le prix Rossel, Nous sommes à la lisière (2019) le Goncourt de la nouvelle.

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Élue en 2014 à l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, elle a également reçu le prix quinquennal de littérature de la Fédération Wallonie-Bruxelles, saluant l’ensemble d’une œuvre.

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