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3 minutes pour comprendre la polémique autour de Fauda

05 septembre 2025
Par Sarah Dupont
Les quatre premières saisons de “Fauda” sont disponibles sur Netflix.
Les quatre premières saisons de “Fauda” sont disponibles sur Netflix. ©Yes Studios

Prévue pour être partiellement tournée à Marseille, la cinquième saison de la série israélienne a finalement été déplacée en Hongrie. Une décision qui a déclenché un vif débat politique en France, et ravivé les tensions autour de l’œuvre.

La cinquième saison de Fauda devait poser ses caméras à Marseille – bande-annonce à l’appui, avec un plan de Notre-Dame de la Garde et la présence annoncée de Mélanie Laurent. Finalement, la production a choisi Budapest. Depuis plusieurs jours, des médias israéliens rapportaient que ce changement de localisation était motivé par des « raisons de sécurité ». Ces premières explications ont immédiatement déclenché une vague de réactions politiques. Martine Vassal, présidente divers droite du département des Bouches-du-Rhône, a dénoncé sur X : « Comment Marseille peut-elle laisser l’antisémitisme s’installer au point de dissuader les artistes ? »

Le démenti de la production

Deux jours plus tard, YES Studios, producteur de la série, a rectifié. « Les questions de sécurité ne sont pas à l’origine du transfert du tournage », a affirmé la société à l’AFP, expliquant que le projet n’avait « même pas atteint le stade des autorisations » et qu’il avait été abandonné « notamment pour des raisons logistiques ».

Fauda, saison 1©Tender Productions

La mairie de Marseille a confirmé cette version, soulignant qu’aucune demande officielle n’avait été déposée. Selon une source proche du dossier citée par l’AFP, le contexte géopolitique actuel aurait rendu l’opération « hyper-compliquée » et exposée à d’éventuels blocages.

Une querelle politique locale

Malgré ce démenti, le sujet a rapidement pris une tournure partisane dans les médias. Pierre-Marie Ganozzi, adjoint à la culture, a dénoncé sur X « une fake news » de Martine Vassal, assurant qu’il s’agissait uniquement d’un choix de production.

Fauda, saison 1©Tender Productions

Jean-Pierre Cochet, autre adjoint, a évoqué « l’instrumentalisation d’un antisémitisme de Marseille fictionnel », selon BFMTV. La droite a vivement répliqué, faisant de l’affaire Fauda un nouvel épisode du bras de fer politique à l’approche des municipales de 2026.

Le débat a aussi pris appui sur la montée des actes antisémites. Fabienne Bendayan, présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Marseille-Provence, a jugé que cette décision « entache l’image de la ville ». Elle a rappelé que la cité phocéenne, souvent louée pour son vivre-ensemble, n’a pas été épargnée par la flambée d’incidents ces derniers mois.

Une série déjà controversée

Créée en 2015 par Lior Raz et Avi Issacharoff, anciens membres d’unités d’infiltration israéliennes, Fauda suit une équipe de forces spéciales traquant des militants en Cisjordanie et à Gaza. Diffusée dans le monde entier sur Netflix, elle a été saluée pour son réalisme et sa dramaturgie, jusqu’à inspirer une adaptation indienne, Tanaav.

Fauda, saison 1©Tender Productions

Des spectateurs l’accusent néanmoins de présenter une vision biaisée du conflit israélo-palestinien. En 2018, le mouvement BDS avait demandé son retrait de Netflix, dénonçant une « propagande de crimes de guerre », rappelle Le Monde. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, le soutien affiché de ses créateurs et acteurs à l’armée israélienne a encore renforcé la lecture politique de la série.

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