Critique

Mercredi choisit encore l’efficacité au détriment de l’étrangeté

03 septembre 2025
Par Sarah Dupont
Jenna Ortega dans la partie 2 de la saison 2 de “Mercredi”.
Jenna Ortega dans la partie 2 de la saison 2 de “Mercredi”. ©Netflix

Mis en ligne le 3 septembre sur Netflix, les derniers épisodes de Mercredi noue les fils laissés en suspens au premier acte. Plus rythmée et cohérente, cette seconde partie renoue parfois avec son esprit macabre, mais reste en retrait face à l’audace du premier chapitre.

Nevermore, et pourtant un peu plus. Le 3 septembre, Netflix a rouvert le cercueil de ses personnages gothiques préférés en livrant les quatre derniers épisodes de la seconde saison de Mercredi, réalisés par Tim Burton. Alors que le sort de l’héroïne campée par Jenna Ortega demeurait suspendu entre la vie et la mort, la nouvelle salve reprend l’intrigue là où la première partie s’était clôturée.

Foisonnante, mais éparpillée et souvent brouillonne, celle-ci avait laissé l’impression d’un récit en déséquilibre, loin de la force obscure du premier chapitre. Reste à savoir si cette suite saura renouer avec l’étrangeté singulière de l’œuvre ou si elle choisira, au contraire, d’en lisser encore les reliefs.

Un récit enfin resserré

Ces nouveaux épisodes referment les cercles ouverts dans la première moitié. Le sort de Mercredi, la prophétie condamnant Enid, la patiente mystérieuse du programme LOIS, la menace de Tyler… Autant d’arcs qui trouvent ici une résolution. Même le zombie de Pugsley, qui paraissait d’abord anecdotique, prend place dans l’histoire de la famille Galpin.

Jenna Ortega dans la partie 2 de la saison 2 de Mercredi.©Netflix

Le récit gagne donc en clarté et en continuité. Mais cette cohérence s’obtient au prix de la surprise : les révélations se succèdent de façon un peu attendue, sans provoquer le vertige espéré. On regrette aussi que certaines intrigues secondaires – comme celle de Bianca, coincée entre la fuite de sa mère et les pressions du principal Dort – ne parviennent jamais à dialoguer vraiment avec l’intrigue principale. Elles offrent un éclat isolé, notamment lors de l’épisode 7, mais peinent à trouver leur nécessité.

De l’ambition, mais peu d’éclat

Globalement, la mise en scène conserve un goût pour le spectaculaire. Les courses-poursuites et affrontements rythment la narration dès le premier épisode, instaurant une atmosphère de siège autour de Nevermore et de Jericho. Quelques scènes se distinguent, comme la séquence du Gala, mélange de gothique et de clinquant, portée par la chanson originale de Lady Gaga, The Dead Dance.

L’ambition est manifeste, mais, en dehors de ces quelques moments, la magie peine à opérer. Là où la première saison avait créé une image culte avec la danse d’Ortega sur les Cramps, cette tentative renouvelée dans ce second volet – cette fois par Emma Myers et Evie Templeton – amuse, mais ne marque pas durablement.

Fantaisie macabre

La série n’abandonne pas pour autant sa veine grotesque. Les repas immondes des Addams ou certaines trouvailles décalées rappellent que Burton excelle dans l’art de mêler humour et horreur. Ces instants constituent de vraies respirations, où la fantaisie reprend ses droits et redonne à la série son identité. Mais ces éclats se heurtent à une retenue globale : l’univers préfère suggérer que plonger dans la noirceur, comme si l’étrangeté devait rester sage.

Luis Guzmán dans la partie 2 de la saison 2 de Mercredi.©Netflix/Helen Sloan

Côté interprétation, Jenna Ortega demeure le pilier de ce casting : elle conserve son flegme acide et enrichit son personnage d’une nouvelle facette, notamment dans le deuxième épisode. Emma Myers, en Enid, gagne en nuances et dépasse son rôle de contrepoint lumineux dans ce même volet.

Hunter Doohan, en Tyler, progresse dans la complexité, même si son jeu reste parfois limité. Annoncée comme une apparition marquante, Lady Gaga se réduit quant à elle à quelques minutes d’écran : un clin d’œil promotionnel plus qu’un véritable choix artistique.

Lady Gaga dans la partie 2 de la saison 2 de Mercredi.©Netflix/Helen Sloan

Cette seconde partie se montre plus convaincante que la première moitié : plus rythmée, plus cohérente. Mais elle demeure toujours et encore en retrait par rapport au premier chapitre, celui qui avait imposé la série comme un objet singulier. Mercredi se révèle donc efficace, mais trop prudente pour retrouver l’audace de ses débuts.

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