Le jury du Goncourt a dévoilé ce 3 septembre sa première sélection pour 2025 : 15 romans en lice pour succéder à Houris de Kamel Daoud, lauréat en 2024.
Chaque rentrée littéraire a son lot d’attentes et de surprises mais aucune ne suscite autant d’attention que la première sélection du prix Goncourt. Réunis chez Drouant, les dix jurés ont dévoilé ce 3 septembre les 15 romans en lice pour cette 121e édition. Le 7 octobre, ils n’en retiendront plus que huit, puis quatre finalistes le 28, avant de couronner le vainqueur le 4 novembre.
Les retours très attendus
La liste s’ouvre sur des figures familières. À commencer par Nathacha Appanah, pour La nuit au cœur (Gallimard), un récit qui donne voix à trois femmes marquées par les violences de leur compagnon. Emmanuel Carrère, longtemps tenu à distance du Goncourt pour ses récits hybrides, est cette fois-ci présent avec Kolkhoze (P.O.L), fresque familiale centrée sur sa mère Hélène Carrère d’Encausse et sur l’histoire tourmentée de sa famille géorgienne. Laurent Mauvignier s’impose aussi avec La maison vide (Minuit), roman de 750 pages qui remonte la généalogie de l’auteur à travers le destin de ses ancêtres paysans, résistants ou exilés, pour interroger ce que transmet une lignée.
La sélection s’ouvre aussi aux écritures naissantes. Le psychiatre David Deneufgermain signe L’adieu au visage (Marchialy), un récit sur la pandémie, l’urgence, les morts et les vivants et la lutte pour prendre soin de l’autre. Journaliste à Quotidien, Paul Gasnier entre avec La collision (Gallimard), texte personnel qui relate la mort de sa mère, percutée lors d’un rodéo sauvage, et qui mène une réflexion sur la responsabilité individuelle et collective. Alfred de Montesquiou publie pour sa part Le crépuscule des hommes (Robert Laffont), roman qui suit les grands reporters présents au procès de Nuremberg en 1945, témoins des horreurs révélées et d’un monde en reconstruction.
Mémoire, nature et voix nocturnes
D’autres plumes s’aventurent dans l’Histoire et ses résonances. David Diop, lauréat du Goncourt des lycéens pour Frère d’âme (2018), signe Où s’adosse le ciel (Julliard), un récit qui s’inspire des mythes africains pour raconter la quête d’un jeune homme cherchant ses origines. Hélène Laurain livre Tambora (Verdier), qui mêle la grande éruption volcanique de 1815 aux récits de maternité.
Yanick Lahens, dans Passagères de nuit (Sabine Wespieser), donne la parole à des femmes de Port-au-Prince qui racontent, à la tombée du jour, la fragilité de leur existence dans une ville meurtrie. Caroline Lamarche, avec Le bel obscur (Seuil), explore l’itinéraire d’une narratrice en quête de beauté dans l’opacité du monde.
Ghislaine Dunant, avec Un amour infini (Albin Michel), retrace une passion amoureuse vécue sur plusieurs décennies et interroge la permanence des sentiments. Guillaume Poix, dans Perpétuité (Verticales), plonge dans la vie d’une femme condamnée et donne à ressentir l’expérience carcérale dans sa durée inhumaine. Maria Pourchet revient avec Tressaillir (Stock), récit fragmentaire où une écrivaine en crise se confronte à ses obsessions et à ses désirs. Enfin, David Thomas signe Un frère (L’Olivier), texte bref sur la relation fraternelle, ses complicités comme ses rivalités.