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Ce navigateur européen prend position contre l’IA, et c’est rafraîchissant

29 août 2025
Par Pierre Crochart
Ce navigateur européen prend position contre l'IA, et c'est rafraîchissant
©Vivaldi

À l’heure où l’équilibre du Web est bouleversé par l’intelligence artificielle, Vivaldi fait savoir qu’il ne compte pas céder à ses sirènes.

Dans un billet de blog publié hier, le PDG de Vivaldi, Jon von Tetzchner, prend une position claire en faveur d’une « navigation [web] humaine ». Et, dans un contexte où l’intelligence artificielle s’invite partout, et pilote même désormais carrément des navigateurs prévus à cet effet, ce genre d’alternatives est rafraîchissant.

Vivaldi milite pour un Web humain

Le résumé d’articles par IA, des résultats de recherche générés par IA (capables de se tromper sur une conversion de fuseau horaire), des chatbots d’intelligence artificielle censés nous aider à mieux choisir notre futur achat ou à réserver nos vacances… En l’espace de trois ans, l’IA s’est immiscée partout sur le Web, au point de modifier radicalement jusqu’à l’affichage des résultats Google.

Un emballement auquel ne souscrit pas Vivaldi, qui cite une étude de PewResearch déjà abordée sur L’Éclaireur, arguant que le taux de clics vers les sites web chute drastiquement lorsqu’un résumé par IA est affiché dès la page des résultats de recherche. Un bouleversement qui chamboule toute l’économie du Web et précarise l’avenir des personnes qui en vivent. L’Éclaireur Fnac, par exemple, comme la plupart des sites que vous consultez pour vous informer, dépend de sa visibilité sur les moteurs de recherche.

Or, pour Vivaldi, ce changement de paradigme est non seulement délétère pour les sites internet, mais aussi dangereux pour le partage de la connaissance au sens le plus strict. « La prochaine étape de la guerre des navigateurs [web] ne porte pas sur la vitesse des onglets, mais sur qui fait l’intermédiation du savoir, qui tire profit de l’attention, qui contrôle la voie d’accès à l’information et qui parvient à vous monétiser », prophétise le PDG du navigateur développé en Norvège.

L’IA sur Vivaldi, ce n’est pas pour demain

Aujourd’hui, le navigateur (basé sur Chromium, donc proche d’un Google Chrome ou Microsoft Edge) ne propose aucune fonctionnalité d’intelligence artificielle. Pas de barre latérale permettant de converser avec un chatbot, pas de bouton magique pour synthétiser un article en points clés. Chacun·e est libre, bien sûr, d’installer des extensions permettant d’accéder à ChatGPT ou autre rapidement, mais Vivaldi exprime clairement son refus d’intégrer de telles fonctionnalités nativement sur son produit.

Le PDG de Vivaldi ne veut pas paraître aigri et simplement opposé au changement. « Le champ du machine learning en général demeure excitant et pourrait mener à des fonctionnalités qui sont réellement utiles, pondère-t-il. Mais, aujourd’hui, il y a suffisamment de désinformation pour s’abstenir d’en ajouter à la pile. Nous n’utiliserons pas de LLM [grand modèle de langage, ndlr] pour ajouter un chatbot, une solution de résumé ou un moteur de suggestions pour remplir des formulaires à votre place. » Pas avant qu’une véritable régulation de l’intelligence artificielle soit en place, en tout cas.

« Nous prenons position, en choisissant les humains plutôt que le battage médiatique, et nous refusons de transformer la joie de l’exploration en une simple passivité de spectateurs. Sans exploration, le Web devient bien moins intéressant. Notre curiosité s’étouffe et la diversité du Web s’éteint. »

Jon von Tetzchner
PDG de Vivaldi

Des déclarations importantes aux yeux des personnes lasses de voir ces deux lettres agitées comme une formule magique par tous les grands de la tech, et qui veulent simplement pouvoir naviguer sur le Web comme avant. Pourvu que ça dure.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste