Alors que les entreprises se bousculent pour construire leurs mondes virtuels, peu de Français envisagent de créer leur double numérique.
Le métavers a beau être en vogue, en France, moins d’une personne sur deux en a déjà entendu parler. C’est l’une des informations ressortant du sondage Ifop pour Talan* à propos de ces mondes virtuels. Pire encore, 75% des Français ont déclaré avoir des craintes à leur égard. Un chiffre qui évolue selon le degré de connaissance du métavers : il passe à 49% chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans et à 87% chez les 65 ans et plus. Cette réticence s’accompagne d’une attente d’intervention des États pour s’assurer que le monde virtuel respecte les mêmes règles que le monde réel. Une espérance justifiée au vu des problèmes, comme le harcèlement sexuel, qui y sont déjà présents.
En outre, les Français ne font particulièrement pas confiance à Meta (ex-Facebook) pour créer et gérer un métavers. Seulement 15% d’entre eux accepteraient que leur compte Facebook soit associé à des profils numériques dans les mondes virtuels. Ils sont aussi très peu à se fier à la firme pour la gestion de leurs données dans le métavers, ce qui ne surprend pas étant donné qu’elle a connu plusieurs scandales tels que la désormais célèbre affaire Cambridge Analytica.
Une source de divertissement
Les entreprises voient le métavers comme un monde où les utilisateurs pourront se divertir, travailler et socialiser. Pourtant, les Français l’associent principalement au divertissement, en s’attendant à y trouver des musées, des théâtres et où des concerts seraient organisés. C’est d’ailleurs le premier service numérique pour lequel ils seraient prêts à payer.
Cependant, seuls 5% des personnes interrogées voient le métavers comme un moyen de contourner les restrictions sanitaires, malgré la tenue de plusieurs événements virtuels lorsque les salles étaient fermées ou confrontées à de nouvelles interdictions. Le rappeur Lil Nas X a par exemple organisé un concert dans le monde virtuel de Roblox à une époque où il n’était pas possible de se rendre à un tel événement dans la vie réelle. De plus, près d’un quart des Français considèrent le métavers comme inutile.
Enfin, alors que les marques de sport et de luxe multiplient les partenariats avec les plateformes de mondes virtuels, les Français, eux, ne sont pas prêts à investir leur agent pour acheter des vêtements numériques. Seulement 15% des personnes interrogées se sont en effet déclarées disposées à le faire. Mais pour cela, il faudra déjà créer un double numérique, ce qui n’est actuellement pas envisagé par 92% des sondés.
*Enquête réalisée du 4 au 5 janvier auprès de 1 022 personnes.