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Où s’adosse le ciel : David Diop explore les racines du mythe dans un nouveau roman ambitieux

14 août 2025
Par Sarah Dupont
David Diop dévoile “Où s'adosse le ciel”, le 14 août.
David Diop dévoile “Où s'adosse le ciel”, le 14 août. ©Shutterstock/Jure Divich

Lauréat du Goncourt des lycéens en 2018, l’auteur franco-sénégalais présente Où s’adosse le ciel, un roman à double récit, empreint de mythologie et d’histoire africaine.

Il suffit parfois d’une seule voix pour faire vaciller un monde. Celle qui habite Bilal Seck, le héros du nouveau roman de David Diop, vient de loin. Elle traverse les siècles, franchit les déserts et ressurgit au cœur d’un Sénégal ravagé par le choléra. Avec Où s’adosse le ciel, publié chez Julliard le 14 août, l’auteur de Frère d’âme, lauréat du Goncourt des lycéens en 2018, signe une nouvelle fresque spirituelle et mémorielle, aux frontières du mythe.

Deux hommes, une mémoire

L’intrigue s’ancre à la fin du XIXe siècle. De retour de La Mecque, Bilal découvre son village déserté. Seul survivant, il se sent peu à peu traversé par une autre conscience. Celle d’Ounifer, ancien prêtre d’Osiris exilé d’Égypte, guidé par une vision vers l’ouest africain. À travers Bilal, cette parole enfouie cherche une terre où se consacrer.

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La narration alterne les deux trajectoires. Tandis qu’Ounifer traverse les dunes en compagnie d’un scribe, d’un archer et de sa compagne Kémi, Bilal marche vers Djenné, au Mali. Sur sa route, il épousera la fille d’un forgeron et deviendra père d’une fille muette, nommée Netelli. Une enfant incapable de dire mais dépositaire d’une histoire à transmettre. Le roman épouse ainsi les rythmes du conte, mêlant souffle romanesque, tradition orale et réflexion métaphysique.

Figures de la transmission

Né à Paris en 1966, élevé au Sénégal, David Diop enseigne aujourd’hui la littérature du XVIIIe siècle à l’université de Pau. Son premier roman paraît en 2012, mais c’est Frère d’âme qui le révèle. Ce récit sur un tirailleur sénégalais pendant la Première Guerre mondiale séduit critique et public, jusqu’à obtenir l’International Booker Prize en 2021 pour sa traduction anglaise.

Avec La porte du voyage sans retour (2021), Diop explorait déjà les silences de l’histoire coloniale. Où s’adosse le ciel marque une inflexion plus symbolique, mais fidèle à ses obsessions : donner voix à ceux qu’on n’écoute pas, mettre en récit ce qui ne se consigne nulle part.

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