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Gangs of Taïwan : la loi du silence

31 juillet 2025
“Gangs of Taïwan”, le 30 juillet au cinéma.
“Gangs of Taïwan”, le 30 juillet au cinéma. ©Tandem Films

Avec Gangs of Taïwan, Keff offre un premier film violent au propos social fort. Présenté depuis le 30 juillet dans les salles obscures françaises, le long-métrage rappelle aussi bien Parasite que Drive.

Alors que les sorties estivales, en salles, sont marquées par de nombreux blockbusters de Jurassic World : renaissance à Superman en passant par Les quatre fantastiques, ce 30 juillet sortait également Gangs of Taïwan de Keff ; une proposition choc et violente dont la démonstration repose sur un élément inattendu : le silence. Ici, pas de film de mafieux bavard, car le personnage principal de l’histoire, Zhong-Han (Liu Wei Chen), est muet.

Une omerta forcée qui en fait une arme redoutable pour les patrons de la pègre. En effet, incapable de trahir, le jeune garçon devient le garant d’un système et d’une violence systémique. Toutefois, le jour où un homme d’affaires véreux entend racheter le restaurant familial dans lequel il travaille, Zhong-Han va choisir de se rebeller et va devoir combattre le gang auquel il appartient.

La bande-annonce de Gangs of Taïwan.

Un film social

Gangs of Taïwan est le premier long-métrage de Keff — réalisateur et scénariste américano-taïwanais — après deux courts-métrages remarqués, Secret Lives of Asians at Night (2019) et Taipei Suicide Story (2020). Si dans ses précédentes œuvres le cinéaste filmait l’intimité et les traumatismes de la société taïwanaise, avec ce long-métrage il poursuit son travail et l’exploration sociale de son pays, cette fois-ci, à travers le film de mafieux.

En effet, le genre sert avant tout de métaphore sociale. En choisissant un personnage muet Keff personnifie non seulement l’omerta ambiante, mais aussi le musellement de la jeunesse taïwanaise dont les revendications ne sont pas entendues.

Gangs of Taïwan.©KINDRED SPIRIT

Entre Parasite et Drive

Sur ce point, Gangs of Taïwan rappelle forcément le chef-d’œuvre de Bong Joon-ho, Parasite (2019) dans lequel le réalisateur sud-coréen dressait le portrait des Ki-taek, une famille pauvre qui imagine un stratagème afin de se faire employer par une riche famille du pays. En créant le malaise, et à travers un huis clos haletant, le cinéaste dénonçait avant tout les maux de la société sud-coréenne, et la différence entre les classes sociales.

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Enfin, d’un point de vue artistique, Keff semble avoir puisé du côté de Drive (2011) de Nicolas Winding-Refn. En effet, difficile de ne pas voir dans Zhong-Han, le Driver incarné par un Ryan Gosling mutique qui quand il ne sert pas de doublure cascade sur les tournages de Los Angeles, s’emploie à conduire les truands, la nuit, sans participer au crime. Par ailleurs, Keff n’hésite pas à jouer sur l’aspect spectral rouge et bleu de sa mise en scène ; un symbole notoire qui a souvent parcouru l’œuvre de Winding-Refn de Drive à Only God Forgives (2013) en passant par The Neon Demon (2016).

Gangs of Taïwan est un premier film intéressant qui utilise un genre particulier pour offrir une réflexion sociale sur la violence de la société taïwanaise. Malgré quelques longueurs, le film existe par lui-même et en dépit des références cinématographiques qu’il convoque, il ne tombe jamais dans le piège de la comparaison grossière. À découvrir depuis ce mercredi 30 juillet dans les salles de cinéma françaises.

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