Si Netflix demeure la plateforme de vidéo à la demande (sur abonnement) la plus populaire du marché, il existe d’autres plateformes singulières, peut-être moins en vue, qui affichent néanmoins un large éventail de films et qui présentent de réelles propositions éditoriales.
Le dernier baromètre de la vidéo à la demande (VàD ou VàDA, c’est-à-dire sur abonnement, l’équivalent anglais de VoD/SVoD) publié par le CNC – Centre national du cinéma et de l’image animée – en décembre 2021 dresse un constat indiscutable : les plateformes de streaming sont en pleine croissance et ont largement profité de la crise sanitaire. De janvier à octobre 2021, le marché de la vidéo à la demande a connu une nette progression : 10,7 % par rapport à la même période en 2020. Le nombre d’utilisateurs quotidiens de vidéo à la demande sur abonnement est de 8,3 millions en 2021, contre 6,9 millions un an plus tôt. Les trois mastodontes que sont Netflix, Amazon Prime et Disney+ se partagent assez logiquement le haut du classement des plateformes les plus consultées par les internautes (près de 64 % des consommateurs déclarant avoir visionné au moins un programme sur Netflix). Il faut dire que la plateforme américaine créée par Reed Hastings (plus de 200 millions d’abonnés dans le monde) compte s’installer durablement dans le paysage français, à l’image d’une série comme Lupin, qui figure parmi les programmes les plus vus de Netflix.
Cependant, la ligne éditoriale de Netflix et de ses principaux concurrents laisse parfois à désirer, laissant d’innombrables cinéphiles sur leur faim. Malgré les grands noms dont peuvent se targuer ces plateformes – Martin Scorsese, Noah Baumbach, David Fincher, Spike Lee, Paolo Sorrentino, Jane Campion, Alfonso Cuaron, ou plus récemment Adam McKay avec Don’t Look Up, qui est d’ores et déjà devenu le deuxième film le plus visionné de l’histoire de Netflix (avec à ce jour plus de 320 millions d’heures de visionnage) – ces films se retrouvent souvent noyés dans la masse ou bien servent à la plateforme de produits d’appels pour mettre en avant leur principale marque de fabrique que sont les séries. Mais alors, quelles alternatives aujourd’hui à ces géants du streaming ? Voici une sélection de plateformes éclectiques et exigeantes, plus confidentielles pour certaines, qui renouvellent le paysage du streaming.
MUBI
Le principe de cette plateforme taillée pour les cinéphiles est bien simple : chaque jour, un nouveau film est sélectionné et mis en avant par MUBI. Chaque film se rajoute alors aux films du mois. Depuis le début du mois de janvier, on peut y (re)découvrir Monika (1953), le chef-d’oeuvre d’Ingmar Bergman, Les roseaux sauvages (1994) d’André Téchiné, ou encore Voyage of Time (2016), le somptueux documentaire immersif tourné en IMAX par Terrence Malick sur la naissance de l’univers et de la vie, le tout narré par Brad Pitt. MUBI accueille tous les cinémas du monde, des classiques, des films plus confidentiels, ou du cinéma plus contemporain. La plateforme propose un certain nombre de rétrospectives et de thématiques qui raviront les cinéphiles : au programme en ce moment, des doubles programmations consacrées à Paolo Sorrentino – avec La Grande Bellezza (2013) et Youth (2015) – et Jane Campion – Bright Star (2009) et Sweetie (1989) – une rétrospective Almodovar, des zooms sur des festivals, des chefs d’oeuvre classés par période, une sélection de films d’Agnès Varda, de Charlie Chaplin, d’Abbas Kiarostami, de François Truffaut, et bien sûr le Top 1000 de la plateforme parsemé de chefs-d’oeuvre tels que 81/2 de Federico Fellini (1963) ou Les ailes du désir (1987) de Wim Wenders. Avec la rubrique « Notebook », la plateforme offre également la possibilité d’enrichir sa culture cinématographique avec d’innombrables articles, listes, forums et critiques éclairées. Indispensable.
Abonnement : 9,99 € par mois sans engagement / 71,88€ à l’année / 5,99 € par mois pour les étudiants
LaCinetek – La Cinémathèque des réalisateurs
Consacrée aux films qui ont fait le XXe siècle, La Cinetek a fait le pari de confier son catalogue à des réalisateurs et réalisatrices soucieux de transmettre leurs films de chevet : au total, plus de 1400 films habitent aujourd’hui cette cinémathèque lentement façonnée par des cinéastes du monde entier. La Cinetek propose à la fois des films en VoD (à l’achat) et en SVoD (sur abonnement) : chaque mois, la plateforme propose une sélection de dix films, recommandés par des cinéastes autour d’une thématique commune. Ainsi, ce mois-ci, LaCinetek propose une sélection de comédies choisies par Michel Hazanavicius, Riad Sattouf, Céline Sciamma, Eric Tolédano et Olivier Nakache, Costa Gavras, William Friedkin, ou encore Martin Scorsese ! Le site permet également de découvrir les films les plus cités par ces cinéastes tels que Sueurs froides (1957) d’Alfred Hitchcock et L’Aurore (1927) de F.W. Murnau.
UniversCiné
UniversCiné, plateforme consacrée au cinéma indépendant, propose également une double formule d’abonnement ou de location de films à l’unité. La plateforme est plutôt dédiée au cinéma d’auteur contemporain, bien qu’elle comporte également une large sélection de films cultes (Mean Streets, Nosferatu, Fanny & Alexandre, Fargo, etc.). UniversCiné, c’est plus de 7000 films venus de réalisateurs et réalisatrices du monde entier. Les films du catalogue via plusieurs voies d’entrées, par pays, par thématiques (cinéma français, européen, cinéma indé US, quête de sens, LGBTQ), par genres (SF, horreur) ou par date d’ajout. Chaque mois, un ou une cinéaste de l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) y propose sa sélection de cinq longs-métrages. En ce moment, la plateforme propose une sélection de cinq films du réalisateur japonais Kenji Mizoguchi (1898-1956), sous l’angle de son rapport à la féminité, ou encore des rétrospectives consacrées à Eric Rohmer, Mario Bava et Frederick Wiseman.
Abonnement : 6,99€ par mois sans engagement
Salto : le streaming à la française
Fruit de la collaboration entre TF1, M6 et France Télévisions, la plateforme de SVoD Salto, lancée en octobre 2020, marque la tentative des grandes chaînes françaises de concurrencer directement Netflix, Disney, Apple et consorts. La plateforme propose à la fois des contenus « originaux », la diffusion de programmes étrangers – comme l’épisode spécial marquant les retrouvailles du casting d’Harry Potter, intitulé Retour à Poudlard, ainsi que l’intégralité de la saga – et le replay de programmes télévisuels (dont certains en avant-première). Malgré un bilan mitigé – au terme de l’exercice 2021, la plateforme n’est pas parvenue à atteindre son objectif du million d’abonnés et peine à produire des contenus « originaux » -, Salto a le mérite d’afficher une diversité de programmes, entre grandes sagas hollywoodiennes telles qu’Harry Potter ou Retour vers le Futur, séries françaises et internationales (Germinal, Dix pour cent, Downtown Abbey, The Office, The North Water, etc.), documentaires, téléfilms, et films de cinéma (Reviens-moi, Grave, Sueurs froides, The Revenant, Shining, etc.).
Abonnement : 6,99€ par mois pour un utilisateur et sans engagement
FilmoTV
FilmoTV est la plateforme où l’on trouve d’à peu près de tout, du petit film d’auteur indépendant au gros blockbuster américain : l’offre de la plateforme est justement là pour satisfaire aux goûts de chacun. À retrouver en ce moment sur FilmoTV : une sélection consacrée cinéma scandinave, avec des films tels que The House that Jack Built (Lars Von Trier), Woman At War (Benedikt Erlingsson), La Communauté (Thomas Vinterberg), ou encore des sélections de films de Jacques Demy, d’Asghar Farhadi, Spike Lee ou Fritz Lang. Plus de 700 films accessible sur abonnement et une sélection encore plus large disponible à la location ou à l’achat. Une offre pléthorique où tout type de cinéphile peut faire son nid.
Abonnement : 6,99€ par mois sans engagement
Arte.tv
La chaîne franco-allemande propose un service gratuit de replay – ou parfois d’avant-premières – de ses programmes, offrant un vaste choix de films, de séries et de documentaires disponibles pour la plupart pendant plusieurs mois. Côté cinéma, on se réjouira de (re)découvrir des classiques tels que M (1951) de Fritz Lang, Les grande espérances (1946) de David Lean ou encore Les contes de la lune vague après la pluie (1953) de Kenji Mizoguchi. Sont également disponibles plusieurs films de Bruno Dumont, de Raoul Ruiz, du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan (dont Winter Sleep, Palme d’Or en 2014) ou encore du grand réalisateur polonais Krzysztof Kieślowski. Et pour détendre un peu l’atmosphère, ne ratez surtout pas La première folie des Monty Python (1971), compilation de sketchs de la troupe britannique tirés de l’émission culte « Monty Python’s Flying Circus », disponible jusqu’au 31 mai prochain.
