Caroline Nasica, autrice de bandes dessinées, nous partage ses recommandations culturelles estivales. Livres, films, musique et festivals : voici son programme pour un été entre fête et déconnexion en Corse.
Repas de famille, flirts et baignades. Dans sa BD Zia Zinzin, la dessinatrice Caroline Nasica nous embarque pour un « retour aux sources » dans son village familial en Corse, où elle s’exile après une rupture amoureuse. Un récit à la fois méditatif, solaire et festif, à l’image de son autrice. Ode à la famille et à la jeunesse corse d’hier et d’aujourd’hui, cette BD donne envie de ralentir. L’occasion parfaite pour son autrice pour nous dévoiler son programme culturel estival.
À l’instar de votre héroïne dans Zia Zinzin, qui retourne dans son village en Corse, les vacances d’été sont-elles, pour vous, associées à un lieu précis ?
Toujours ! Pour moi l’été, c’est profiter de la Corse. Toute ma famille vit là-bas, je sais où je vais, je sais qui je vais retrouver et c’est impensable d’aller passer l’été ailleurs. Quand je suis en Corse, je me pose, je suis plus calme. Bon, le problème c’est que là-bas aussi il y a la fête ! [Rires] La période estivale est paradoxale : à la fois c’est festif, il fait beau, tout le monde se retrouve dehors, mais c’est aussi aller se baigner, se balader dans la nature et ne rien faire.
« Proust, je vais me le faire cet été ! »
Caroline Nasica
Y a-t-il une œuvre qui vous inspire l’été ?
Il y en a plusieurs. Côté roman, j’ai envie de citer Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, qui fait voyager dans le sud de l’Italie. Côté film, j’ai deux incontournables : Mamma Mia et Mektoub my Love.
Avez-vous déjà constitué votre pile de livres à lire ?
J’en ai déjà lu quelques-uns de super depuis le début de l’été. J’ai lu deux livres de Fabcaro : Le discours et Journal d’un scénario. J’ai aussi beaucoup aimé Par les routes de Sylvain Prudhomme et Le livre des sœurs d’Amélie Nothomb. Je ne voulais m’attaquer qu’à des petits livres, parce que je ne suis pas une grande lectrice… Mais gros défi lecture : je comptais aller m’acheter un bouquin de Proust, je n’ai jamais rien lu de lui mais ça m’a toujours intriguée. Donc Proust, je vais me le faire cet été !
C’est la saison des festivals. Sont-ils au programme de votre été ?
Je n’ai fait que ça ! Je suis allée à We Love Green à Paris, puis au Bon Air et à Marsatac à Marseille. Ils tombaient tous à la même période et j’ai travaillé avec les trois, donc j’étais obligée d’y être… même si on ne m’oblige jamais à faire la fête ! Ça fait trois ans que je collabore avec We Love Green, je fais des strips BD dans lesquels je raconte ce qui se passe pendant le festival. Cette année, on a voulu innover et j’ai réalisé une affiche spéciale Marseille pour annoncer We Love Green, comme pour dire que, pour une fois, ce sont les Marseillais qui montent à Paris et pas l’inverse. Mais là, j’ai eu ma dose de festivals pour l’été, maintenant j’aspire au calme.
Quel album rythmera votre été 2025 ?
Sans aucun doute : Tropicoqueta, le dernier album de Karol G, que j’écoute déjà en boucle !
Votre dernier coup de cœur culturel ?
Mon dernier vrai coup de cœur c’était au cinéma quand j’ai vu le film Leurs enfants après eux, adapté du roman de Nicolas Mathieu et réalisé par Ludovic et Zoran Boukherma. C’est une histoire magnifique, mais déchirante.
Pour vous, l’été est-il synonyme de déconnexion ?
Dans l’idéal, oui… Mais dans les faits, je sais que je reste encore trop connectée. Je travaille énormément sur Instagram et, quand on est artiste, la dure loi des algorithmes oblige à rester un minimum active au quotidien. Mais c’est certain que j’essaie de mettre de côté les écrans et d’avoir plutôt la tête plongée dans les livres. L’été, c’est aussi un moment où je dessine beaucoup, même si cette année j’ai envie de faire une courte pause. Si le dessin est une passion, c’est aussi mon travail.
Dans Zia Zinzin, vous sillonnez les routes de Corse. Quelle autre œuvre vous donne envie de partir à l’aventure ?
Le film Into the Wild de Sean Penn, c’est vraiment de la débrouillardise à l’état brut. Et il y a aussi la bande dessinée Les rigoles de Brecht Evens qui capture l’ivresse de la fête, de soirées folles en soirées folles.
Votre BD ouvre une fenêtre sur l’histoire de la Corse et la réalité des villages aujourd’hui. Y a-t-il une autre œuvre qui vous a marquée sur ce sujet ?
Un film incontournable sur le sujet c’est Une vie violente de Thierry de Peretti, qui dissèque la question du nationalisme. Mais le problème, c’est que la plupart des films et séries sur la Corse mettent en scène uniquement la mafia et la violence. Très peu de films en parlent autrement. À mon échelle, c’est ce que j’ai essayé de faire dans la BD : raconter les histoires de famille, la vie simple et quotidienne. Et, un jour, j’espère pouvoir le faire en cinéma.