Si OpenAI doit certainement célébrer la nouvelle, la fête sera de courte durée : une telle popularité l’oblige en effet à se conformer à de nouvelles règles dans l’Union européenne.
Lancé en fin d’année dernière et accessible gratuitement pour toutes et tous depuis février 2025, ChatGPT Search, le moteur de recherche dopé à l’intelligence artificielle, rencontre un très grand succès en Europe. Mais les fans de l’homme-araignée le savent bien : un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Aussi le service pourrait-il bientôt être considéré comme une « grande plateforme » par la Commission européenne et tomber sous le coup du Digital Services Act (DSA).
Plus de 40 millions d’internautes utilisent ChatGPT Search en Europe
Selon un rapport interne cité par le site spécialisé TechCrunch, l’outil lancé il y a quelques mois à peine a déjà séduit exactement 41,3 millions d’internautes en Europe. Un rythme d’adoption soutenu, en partie lié à son intégration native au sein de l’interface régulière de ChatGPT, qui fait dangereusement s’approcher l’outil du seuil des 45 millions d’utilisateur·ices mensuels à partir duquel des voyants rouges s’allument à Bruxelles.
À partir de ce seuil, les « très grandes plateformes », comme les reconnaît la Commission européenne, ont l’obligation de publier un long rapport sur la transparence de leurs algorithmes et d’œuvrer efficacement contre la propagation de fausses informations en ligne. Et quand on sait qu’une part non négligeable des résultats sortis de ce moteur de recherche sont soit complètement faux, soit mal synthétisés, OpenAI risque d’avoir du pain sur la planche. Selon une étude de l’Université de Columbia aux États-Unis, plus de 60% des résultats renvoyés par SearchGPT sont au moins partiellement inexacts.
Mais, au rythme effréné auquel ChatGPT est adopté par le grand public, peu de doutes qu’OpenAI doive se plier aux règles européennes, sous peine de se voir infliger une lourde amende indexée sur son chiffre d’affaires. Et, dans un contexte où la jeune pousse américaine craint déjà de manquer de liquidités, cela ne semble pas être une judicieuse idée.
Ce que le succès de ChatGPT Search dit de l’évolution de nos pratiques en ligne
En creux, l’explosion de l’utilisation de ChatGPT Search dit également combien nos façons de naviguer sur le Web sont en train de muer. Bientôt dépassés, les moteurs de recherche comme Google ou Bing ? En septembre dernier en tout cas, déjà 8 % des personnes interrogées par le magazine Fortune disaient préférer utiliser le chatbot d’OpenAI (la fonction Search n’était alors même pas disponible) que Google. Qui sait à combien ce chiffre culminerait aujourd’hui ?
ChatGPT Search, bien sûr, mais également Perplexity, qui a largement contribué à populariser cette idée d’un Web où l’on ne clique plus sur des liens, mais au sein duquel nous avons des conversations avec un robot qui résume, synthétise et accumule des informations à notre place.
Un gain de temps évident pour l’internaute pressé, qui ne doit toutefois pas entrer en contradiction avec une règle d’or sur Internet : toujours vérifier ses informations. A fortiori dans un monde où le générateur d’images d’OpenAI produit maintenant des résultats au degré de réalisme absolument bluffant.