Critique

Small Town, Big Story : retour aux sources pour Christina Hendricks

27 mars 2025
Par Lisa Muratore
Christina Hendrick incarne Wendy Patterson dans la série “Small Town, Big Story”.
Christina Hendrick incarne Wendy Patterson dans la série “Small Town, Big Story”. ©Sky UK

L’Éclaireur est à Series Mania. L’occasion de découvrir les deux premiers épisodes de Small Town, Big Story porté par Christina Hendricks, l’interprète de l’inoubliable Joan dans Mad Men. Critique.

Après Amanda Seyfried, venue présenter un peu plus tôt cette semaine La rivière des disparues, le festival Series Mania continue de dérouler son tapis violet aux stars américaines. Aujourd’hui, c’était au tour de Christina Hendricks, figure emblématique du petit écran depuis Mad Men (2005-2017). Passée par les plateaux de tournage de Nicolas Winding Refn (Drive, Neon Demon), mais aussi ceux de Good Girls (2018-2021), disponible sur Netflix, l’actrice venait défendre son nouveau projet : Small Town, Big Story.

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Une création très (trop ?) dense

Présenté en séance iconique à Series Mania, la nouvelle création de Chris O’Dowd voit l’équilibre d’une petite ville irlandaise être bousculé lorsqu’une grande production hollywoodienne débarque. Sa productrice n’est autre que Wendy Patterson (Christina Hendricks), qui a grandi dans la région. De retour au bercail, elle va croiser la route de vieilles connaissances, notamment celle Seamus Proctor (Paddy Considine), un amour d’adolescence avec qui elle partage un lourd secret. Si ce dernier préférerait oublier ce fameux incident survenu pendant le passage à l’an 2000, Wendy, elle, est bien décidée à profiter du tournage pour élucider ce mystère.

Après un premier essai en tant que showrunner sur Moone Boy (2012-2015), Chris O’Dowd renoue, une fois de plus, avec son Irlande natale. Un « terre terre » routinier, où, entre deux comités de village, il ne se passe pas grand chose. Du moins jusqu’à ce que la fantaisie s’y invite. Si dans sa première création le réalisateur se plaçait à hauteur d’enfant en filmant la relation de Martin avec son ami imaginaire Sean, dans Small Town, Big Story l’artiste s’aventure sur le terrain de la science-fiction.

Toutefois, ce parti pris ne sera que l’un des nombreux genres convoqués par la série. En effet, le showrunner multiplie les incursions et offre une création très (trop) dense. Comédie à la fois sociale et absurde sur l’Irlande rurale, romance et satire du showbusiness côtoient alors les codes de la SF. Bien que ce mélange des genres apporte du rythme à la série et permette un certain suspense, il en ressort aussi une impression de création fourre-tout qui n’arrive jamais à faire de choix dans sa narration.

Beaucoup de cœur

D’autant plus que ce sont finalement les incursions dans le réel – au cœur de l’école locale, accoudé au pub, ou encore sur les terrains de foot peuplés d’adolescents peu dégourdis – qui offrent les instants les plus savoureux. En effet, quand Chris O’Dowd s’attache à dépeindre le quotidien de Drumban, la folie drolatique de ses habitants, mais aussi les rebondissements liés au tournage d’une nouvelle production hollywoodienne, Small Town, Big Story parvient réellement à convaincre, rappelant la brillante série Derry Girls (2018-2022), récit d’apprentissage adolescent drôle et sensible qui se déroulait dans l’Irlande des années 1990.

Bien que le mystère entourant Wendy et Seamus offre un fil conducteur mystérieux tout au long des épisodes, rien n’est plus intéressant que de voir la télévision se regarder elle-même. Hollywood et ses coulisses – à l’image de ce que Seth Rogen propose avec The Studio sur Apple TV+ – sont habilement scrutés et permettent de briser le quatrième mur à travers des dialogues savoureux qui laissent notamment entrevoir tout le mordant du personnage incarné par Christina Hendricks.

La star américaine se glisse à nouveau dans un rôle féminin fort, parfois froid, mais que l’on devine sensible. Une itération de la Joan de Mad Men version 2025 qui donne la réplique à un Paddy Considine que l’on retrouve dans la peau d’un médecin généraliste taquin et que l’on prend plaisir à retrouver quelques années après sa prestation puissante dans la saison 1 de House Of The Dragon.

Ensemble, ils forment un couple de télévision avec beaucoup d’alchimie et évoluent dans une proposition sérielle drôle, rythmée, mais trop fournie. Parfois, Small Town, Big Story se retrouve, en effet, enfermée dans les genres qu’elle convoque, sans offrir véritablement de mise en scène solide. Malgré cela, il en ressort une série avec beaucoup de cœur qui, quand elle se cantonne à observer le quotidien d’un village irlandais bousculé par la télé américaine, déploie toute son inventivité, sa sensibilité et sa folie.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste