Ne plus laisser l’Internet aux mains des puissants. Voici en substance le projet pour lequel le concepteur de Firefox veut lever 30 millions de dollars.
À l’heure où le réseau social X sert d’autoroute aux idées trumpistes, où Meta ouvre grand les vannes de la désinformation et où Elon Musk pourrait être désigné futur propriétaire de TikTok aux États-Unis, des voix s’élèvent pour tenter de bâtir un sanctuaire. Free Our Feeds est une initiative pilotée par Mozilla et plusieurs personnalités du Web, qui va œuvrer pour « sauver les médias sociaux de la mainmise des milliardaires ».
Le projet Free Our Feeds
Free Our Feeds, littéralement « libérez nos fils d’actualité [sur les réseaux] », prend pour l’heure la forme d’une campagne de levée de fonds. L’objectif : soutenir le développement d’un écosystème de réseaux sociaux décentralisés, utilisant le protocole AT utilisé notamment par Bluesky – la plateforme concurrente à X qui compte désormais 27 millions d’utilisateurs et d’utilisatrices.
L’idée serait donc de disposer d’une galaxie de réseaux sociaux dits ouverts. C’est-à-dire que les internautes naviguant sur la plateforme A pourraient suivre et interagir avec des utilisateurs de la plateforme B. Un peu dans le même esprit que ce projet (qui n’en finit pas) qui permettra, à terme, de discuter sur WhatsApp avec des utilisateurs de Messenger.
Mais, plus important encore, Free Our Feeds veut s’assurer que lesdites plateformes resteront indépendantes et hors de portées de milliardaires qui, à l’image d’Elon Musk, cherchent à s’approprier les réseaux sociaux pour les modeler à leur image et y propager leurs idées. « Une infrastructure sociale visant l’intérêt public ne peut pas être gouvernée par une entreprise privée », écrit Free Our Feeds dans sa note d’intention.
Quelle forme prendra le projet ?
Pilotée par neuf personnes, parmi lesquelles on trouve Mark Surman, président de la fondation Mozilla, Free Our Feeds veut lever 30 millions de dollars sur trois ans pour lancer une fondation et itérer sur l’infrastructure AT Protocol pour favoriser l’émergence de nouveaux réseaux sociaux.
« La technologie sous-jacente de Bluesky, le protocole AT, pourrait offrir une nouvelle voie pour le Web social. Pourtant, en l’état, elle est toujours financée par du capital-risque », a déclaré Sherif Elsayed-Ali, directeur exécutif du Future of Technology Institute, dans un communiqué. « Cette initiative essentielle vise à protéger la technologie sous-jacente de Bluesky et à la placer sur une trajectoire indépendante, afin que l’avenir des réseaux sociaux ne soit plus soumis aux caprices d’une seule entreprise ou d’un groupe de milliardaires. »
Un long chemin à parcourir donc, et dont la trajectoire dépendra essentiellement des fonds que l’initiative aura été en mesure de récolter. À l’heure où sont écrites ces lignes, presque 42 000 $ ont déjà été récoltés.