Disney se retrouve au coeur d’une polémique pour avoir supprimé la transidentité d’un personnage dans sa prochaine série Pixar, relançant le débat sur la représentation LGBTQ+ dans les animations jeunesse.
À quelques semaines de sa diffusion, la prochaine série Pixar fait déjà débat. Gagné ou perdu, attendu sur Disney+ en février 2025, se retrouve au centre d’une controverse après la décision de Disney de supprimer toute référence à la transidentité d’un de ses personnages. Initialement écrit comme une adolescente transgenre, ce dernier sera désormais présenté comme une fille cisgenre, un choix qui a suscité l’indignation de militants, d’une partie du public, et de Chanel Stewart, l’actrice transgenre qui lui prête sa voix.
Disney revient sur sa décision
La série suit les aventures des Pickles, une équipe mixte de softball, en explorant les points de vue variés de ses membres au fil des épisodes. L’un des protagonistes devait aborder un thème rarement exploré dans les productions Disney : la transidentité. À l’origine, ce rôle avait été confié à Chanel Stewart, sélectionnée en 2020 après un processus de casting destiné à trouver une voix authentique.
Cependant, selon des déclarations officielles rapportées par The Hollywood Reporter, Disney a décidé de supprimer toutes les références explicites à la transidentité dans l’écriture finale. Le studio a justifié ce choix en affirmant : « Lorsqu’il s’agit de contenus animés destinés aux plus jeunes, nous comprenons que de nombreux parents préfèrent discuter de certains sujets avec leurs enfants avec leurs propres mots, au moment qui leur convient. » Une explication qui n’a pas suffi à apaiser les critiques, nombreuses à dénoncer une forme de censure.
L’inclusion cherche encore sa place
Pour Chanel Stewart, cette annonce a été une grande déception. « Dès que j’ai reçu le script, j’étais enthousiaste à l’idée de raconter une histoire qui pourrait inspirer d’autres jeunes trans, a-t-elle confié à Deadline. Les histoires trans comptent, et elles méritent d’être entendues. » Si elle conserve son rôle dans la série, elle regrette profondément que l’identité initiale de son personnage ait été effacée. Un changement qui illustre, selon elle, la difficulté persistante à faire entendre des récits inclusifs dans des productions grand public.
Car cette controverse s’inscrit en réalité dans un contexte plus large, marqué par une série de décisions similaires chez Disney concernant l’orientation et l’identité sexuelles. En 2022, Buzz L’Éclair avait vu un baiser lesbien coupé au montage avant d’être finalement réintégré sous l’impulsion des employés et militants. Ce retour avait entraîné l’interdiction du film dans des pays comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Malaisie.
Des censures répétées dans certains pays
Un an plus tôt, Les éternels (2021) avait subi un sort similaire en raison d’une scène montrant un couple homosexuel et un baiser entre deux hommes, conduisant à des interdictions au Qatar, au Koweït et en Arabie saoudite. De manière plus discrète, En avant (2020) avait vu le personnage secondaire ouvertement lesbien censuré dans plusieurs régions conservatrices. Même Star Wars : l’ascension de Skywalker (2019) n’avait pas échappé à cette dynamique, son baiser lesbien final étant retiré dans certains pays du Moyen-Orient.
Ces exemples révèlent les tensions entre l’engagement affiché de Disney pour l’inclusion et les impératifs commerciaux liés à des marchés où l’homosexualité et la transidentité sont criminalisées ou censurées. La suppression de l’intrigue transgenre dans Gagné ou perdu marque un recul pour le studio et soulève une question clé : les grandes entreprises du divertissement sont-elles prêtes à défendre des récits inclusifs face à des pressions économiques et politiques discriminatoires ?