Adaptée de l’autobiographie La Fabrique de violence de Jan Guillou, la série explore les rouages de la violence institutionnelle au sein d’une école suédoise.
Dans les sombres couloirs de la Suède des années 1950, la violence et la domination règnent sans partage. Evil, la nouvelle série diffusée ce jeudi 28 novembre à 20h50 sur Arte, nous plonge au cœur de cette réalité troublante. Inspirée du roman autobiographique La Fabrique de violence de Jan Guillou, cette production en six épisodes mêle thriller psychologique et drame historique pour disséquer les mécanismes oppressants de la brutalité institutionnelle.
Déjà adaptée au cinéma en 2003 sous le nom d’Ondskan (« Evil » en anglais) par le réalisateur Mikael Håfström, l’histoire d’Erik, adolescent pris dans un cercle vicieux de maltraitance, s’offre une nouvelle intensité dans ce show glaçant.
Une histoire saisissante inspirée de faits réels
Evil s’appuie sur les souvenirs de jeunesse de l’auteur, ancien élève d’un internat prestigieux, mais marqué par la brutalité institutionnelle. Dans la Suède des années 1950, Erik Ponti (Isac Calmroth) est exclu de son lycée pour comportement agressif. Poussé par sa mère à poursuivre sa scolarité, il intègre Stjernsberg, un établissement élitiste réputé. Mais derrière l’apparence d’excellence se cache une réalité glaçante : la violence y est érigée en système, maintenue par un « conseil des élèves » tout-puissant, soutenu par une direction complice.
Tandis qu’Erik tente de se reconstruire, la spirale du mal se resserre autour de lui. Victime des abus de son beau-père, il doit désormais faire face à des humiliations quotidiennes orchestrées par les anciens élèves. L’amitié qu’il noue avec Pierre, son compagnon de chambre, et son attachement à Marja (Thea Sofie Loch Næss), une employée de l’école, offrent quelques lueurs d’espoir. Mais ce fragile équilibre est constamment menacé par la loi du plus fort.
Une série lourde et éprouvante
Avec une mise en scène dépouillée et une ambiance pesante, Evil propose une réflexion universelle sur la reproduction des schémas de violence, qui semble réunir tous les ingrédients pour captiver et choquer les spectateurs. Cette approche n’a pas manqué de provoquer des réactions fortes. Télé-Loisirs avertit : « Evil n’est pas aimable ou agréable. Elle est violente, âpre, sans concession, étouffante psychologiquement, souvent éprouvante visuellement. »
Une œuvre qui, selon le magazine, offre « un véritable vertige » en explorant un mal qui « n’est ni inné, ni spontané, mais acquis et, surtout, reproduit ». S’il est clair que la série ne s’inscrit pas dans le registre du divertissement léger, le média conclut avec assurance : « Votre soirée sera-t-elle réussie si vous regardez cette minisérie suédoise ? Clairement oui. »
Des avis plus mitigés
Pour L’Humanité, Evil mêle la brutalité du récit à une profondeur mélancolique qui interpelle. Le journal met en avant le parcours d’Erik, un ado coincé dans « un engrenage de violence quand tout nous y ramène », entre les coups d’un père maltraitant et les humiliations imposées par l’internat. Si la violence domine, L’Huma salue la lumière que représente Marja, jeune employée de l’internat et conscience morale du show.
Télérama se montre néanmoins plus réservé, exprimant une certaine déception face à l’ensemble. Si le magazine reconnaît une « éprouvante plongée dans les arcanes d’une institution scolaire dévoyée », il regrette une réalisation trop conventionnelle, qualifiée de « facture classique », manquant d’originalité. La narration est également critiquée pour sa lourdeur, notamment en raison de « la pesanteur d’une voix off qui dialectise autour des thèmes du mal et de la liberté individuelle ».