Entretien

Elena Nagapetyan : on a rencontré la nouvelle star de l’humour pour Ça valait le coup

29 novembre 2024
Par Lisa Muratore
Elena Nagapetyan présente son premier spectacle, “Ça valait le coup”.
Elena Nagapetyan présente son premier spectacle, “Ça valait le coup”. ©Elena Nagapetyan

Après sa résidence parisienne et à l’occasion de sa tournée hexagonale, L’Éclaireur a rencontré la nouvelle star de l’humour, Elena Nagapetyan, pour son premier spectacle, Ça valait le coup.

La maternité, la féminité… Vous abordez une variété de sujets qui vous sont proches de façon presque provocatrice. Est-ce votre intention première de simplifier ces sujets ? 

Je pense que ça serait prétentieux de dire que je suis montée sur scène pour décomplexer toutes les femmes, les mères ou les parents. Je voulais avant tout partager ma vision de la maternité, parce que ce que je raconte sur scène est vrai. Quand je suis devenue mère, j’ai réalisé que c’était beaucoup trop ; que ce n’était pas ce que j’avais imaginé. J’avais vraiment envie de parler de ça. Je n’ai pas peur de dire ce que je pense, que ce soit sur la maternité ou autre. J’avais simplement envie d’en parler et le fait que les gens qui vivent la même chose puissent s’identifier, c’est super ! 

Comment le spectacle est-il né ? Quel travail d’écriture a-t-il représenté ? 

Ça fait trois ans que je fais du stand-up, et ça fait un an et demi que je joue mon spectacle. Il s’est construit au fur et à mesure. Il s’est construit autour de la maternité, parce que c’est le sujet qui m’a donné envie de monter sur scène. Puis, j’ai commencé à parler du divorce, puis un jour j’ai appris que les poules pondaient des œufs tous les jours. C’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué [Rires] ! Je me suis dit : “Les pauvres poules !” Un an après, j’ai rencontré un homme avec qui j’ai fait un bout de chemin. J’ai donc écrit un sketch sur ça. Puis sur notre séparation. Je parle de choses que je vis, finalement. 

Comment gérez-vous ces changements ? Est-ce important pour vous que votre spectacle soit évolutif ? 

Je me dis que le but de toute cette histoire, c’est que le spectacle me plaise et qu’il plaise aussi au public. J’ai besoin d’être fière de ce spectacle. C’est normal qu’il y ait des changements parce qu’on évolue ; parce que moi-même j’évolue et j’apprends. Plus je joue, mieux je suis sur scène. Je ne pense pas aux potentiels changements. Je me marque un but à atteindre, ainsi que le chemin vers ce but-là pour que ça me plaise, même si on ne sait jamais ce qui va nous arriver. 

Justement, on a l’impression que le public est conquis par votre spectacle. Quels retours avez-vous sur Ça valait le coup

Quand on me dit que je décomplexe beaucoup de gens, notamment des mères de famille, ça me touche beaucoup, parce que je ne pensais pas un jour que des personnes que je ne connais pas se sentiraient mieux en sortant de la salle après avoir vu mon spectacle. Franchement, je ne pouvais pas imaginer cela, ni même l’espérer.

J’aime aussi le fait qu’il y a beaucoup d’hommes qui aiment mon spectacle. Mon public est très éclectique : il y a des femmes, bien sûr, mais aussi des hommes célibataires, des hommes en couple, ça me plaît. Des personnes sont aussi venues voir mon spectacle avec des amis différents, plusieurs fois, et on me dit que ce n’est jamais pareil. C’est l’un des meilleurs compliments pour une humoriste. On m’a aussi dit que j’étais touchante sur scène. J’entends plein de belles choses sur mon spectacle et ça me fait très plaisir ! 

Vous utilisez l’humour noir et la provocation dans votre spectacle. Était-ce important pour vous d’utiliser un tel ton ? 

Je ne me suis jamais posé ce genre de questions. Je me limite quand même, car je pense que l’on ne peut pas tout dire. Il faut faire attention à ce qu’on dit sur scène. Je sais que j’ai cette tendance à dire ce que je pense, donc il faut que je fasse attention. Ce que j’essaie de faire, c’est de dire ce que je pense, tout en étant drôle et sans danger pour moi. Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte et il ne faut pas offenser les gens. Je n’essaie pas de provoquer, mais de dire ce que je pense. Et il se trouve que c’est parfois provocant.

Vous êtes actuellement en tournée dans toute la France après avoir présenté votre spectacle à Paris. Comment appréhendez-vous cette nouvelle étape ? 

Effectivement, la résidence parisienne reprendra en janvier et d’ici là je suis en tournée. Je vis très bien ces dates qui s’annoncent. Je suis extrêmement reconnaissante, car des gens que je ne connais même pas, dans des villes où je n’ai jamais été, viennent me voir. Rien que ça, c’est extraordinaire. Je suis étrangère, bien que ça fasse 15 ans que je suis en France, et des gens que je ne connais pas viennent me voir. J’ai juste envie de leur dire merci. C’est incroyable ! 

On dit souvent que vous êtes la nouvelle star de l’humour, d’ailleurs. Comment vivez-vous ce nouveau succès ?

Je n’ai pas l’impression d’être une star. Ça fait plaisir quand les gens me reconnaissent dans la rue. C’est un peu plus chiant quand les gens essaient de vous filmer dans la boîte de nuit alors que vous êtes bourrée à quatre heures du matin et que vous essayez de choper le DJ. Là, c’est un peu moins marrant [Rires] ! C’est très gratifiant quand les gens me disent qu’ils adorent ce que je fais. 

Comment vous sentez-vous avant de monter sur scène ? 

Ça dépend des jours. Parfois, je suis très stressée parce que je ne connais pas la salle ou parce que je ne sais pas comment les gens seront. Après tout, je suis un être humain. Après la séparation, par exemple, je n’avais pas envie de monter sur scène, parce que je n’avais pas envie de faire rire le public alors que j’avais envie de pleurer. 

Quelle serait votre recommandation stand-up ?

Je pense forcément à ma première partie, Nina Azoulai. Je l’adore. Humainement, c’est une personne géniale et je sais que quand on commence ce n’est pas évident ! Je trouve qu’on se correspond.

Ça valait le coup, d’Elena Nagapetyan, en tournée dans toute la France et au Théâtre des Variétés à partir du 9 janvier 2025.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste