L’ancienne chanteuse est revenue sur son départ du groupe en septembre dernier et sur des années de violences et d’emprise.
En annonçant son départ de L’Impératrice le 26 septembre 2024, Flore Benguigui a indiqué vouloir préserver sa santé mentale et physique, malgré la difficulté de ce choix. Plusieurs semaines après avoir annoncé la nouvelle sur les réseaux sociaux, la chanteuse du groupe est revenue lors d’un entretien avec Médiapart sur les raisons « cachées » de ce départ et a indiqué avoir souffert de violences psychologiques et d’emprise pendant plusieurs années de la part des autres membres du groupe.
Pendant plus de neuf ans, Flore Benguigui a été le visage de L’Impératrice, un groupe de musique mondialement connu et composé de cinq hommes en plus de la chanteuse. Neuf ans de festival, de tournées et d’albums, avec le dernier en date, Pulsar, sorti en juin 2024, et faisant suite à Tako Tsubo (2021). Désormais, L’Impératrice a une nouvelle chanteuse, Louve, et continue de se produire sur différentes scènes internationales.
Entre humiliations et sexisme
Lors de cette interview accordée à Médiapart, Flore Benguigui est revenue sur son expérience au sein du groupe et sur l’humiliation permanente subie par les autres membres de L’Impératrice.
« J’ai perdu toute confiance en moi dans tous les domaines qui sont censés faire partie de mon métier », précise la chanteuse, qui évoque des humiliations (« On m’a toujours répété que j’étais une mauvaise chanteuse, que je chantais faux, pas assez fort »), mais aussi des « menaces physiques ». Flore Benguigui partage ainsi qu’un des membres « s’est montré physiquement menaçant » et que « ça a failli aller assez loin ».
Pour survivre dans ce climat rongé par le sexisme, Flore Benguigui a décidé de devenir indispensable à la bonne tenue du groupe, s’impliquant plus que de raison — quitte à mettre sa santé en jeu — et allant même jusqu’à « laver et repasser les tenues de scène ».
Faisant part de l’emprise opérée par les autres membres de L’Impératrice, l’artiste évoque aussi un contrôle assidu de ses réseaux sociaux et de ses prises de parole sur scène.
Une dépression et une perte de voix
Ce climat anxiogène a eu des conséquences sur la santé de Flore Benguigui. Toujours pour Médiapart, elle révèle être tombée en dépression et avoir voulu garder sa maladie sous contrôle — sans le faire savoir au public —, malgré une perte de voix pendant plusieurs mois, obligeant le groupe a jouer avec des précédents enregistrements lors des concerts. Une situation que Flore Benguigui n’a plus supporté et qui a précipité son départ.
La chanteuse dénonce aussi une sur-production seulement motivée par le profit, et qui ne correspond pas à ses aspirations en tant qu’artiste. Le groupe a, en effet, enchainé albums et tournées pendant plusieurs années à un rythme soutenu. « Si je ne partais pas avant la fin de l’été, je ne sais pas comment j’aurais pu survivre », indique Flore Benguigui.
« J’en suis arrivée à un point où je me disais que je ne méritais pas d’être là, que je ne méritais pas le succès de L’Impératrice, de faire toutes ces tournées dans le monde entier et qu’à l’inverse, je méritais d’être traitée comme ça, qu’on me rabaisse ». Flore Benguigui a désormais choisi de prendre la parole et de s’exprimer publiquement quelques semaines après son départ du groupe, relançant en France la libération de la parole entourant les violences sexistes, physiques ou psychologiques dans la culture.
Les membres de L’Impératrice ont répondu à ces révélations et indiquent que « les situations décrites par Flore ne correspondent pas à la réalité des faits », tout en indiquant que « si l’investissement et l’attention que nous lui avons apportés n’ont pas suffi, nous ne pouvons que le regretter ». Le groupe est actuellement en tournée jusqu’en 2025.