Un combat incroyable contre l’indifférence. Ce soir sur France 2, Signalements raconte l’histoire vraie de Laurence Brunet-Jambu, une femme déterminée à sauver sa nièce Karine des violences qu’elle subissait, malgré un système institutionnel défaillant. Un téléfilm bouleversant suivi d’un débat et d’un documentaire pour sensibiliser à la protection de l’enfance.
À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, France 2 diffusera ce soir à 21h05 Signalements, un téléfilm inspiré de l’histoire vraie de Laurence Brunet-Jambu. Ce récit bouleversant, adapté du livre éponyme co-écrit avec sa nièce Karine, met en lumière les failles criantes des institutions censées protéger les enfants.
Réalisé par Éric Métayer, déjà salué pour Les Chatouilles, le film sera suivi d’un débat animé par Carole Gaessler et du documentaire Inceste, le dire et l’entendre, signé Andrea Rawlins-Gaston. Une soirée consacrée à un sujet grave, encore trop souvent occulté.
Un drame inspiré de faits réels
En 2006, Laurence Brunet-Jambu découvre que sa nièce Karine, alors âgée de 9 ans, est victime de maltraitances physiques et psychologiques de la part de ses parents. Entre 2002 et 2005, l’enfant subit également des abus sexuels infligés par un ami de la famille, déjà condamné pour des faits similaires. Malgré des signalements incessants auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), des médecins et de la justice, Karine est laissée dans cet environnement toxique.
Laurence, déterminée à la sauver, est pourtant confrontée à des accusations de dénonciation calomnieuse et même placée en garde à vue. « Plus je faisais de signalements, plus j’étais vue comme une sorcière », confie-t-elle à France Info, précisant que les autorités l’ont même obligée à demander pardon aux parents et au violeur de sa nièce. Cette longue bataille aboutit finalement en 2018 à la condamnation du pédocriminel à 30 ans de réclusion criminelle et, en 2021, à une reconnaissance de faute lourde par l’État pour son incapacité à protéger l’enfant.
Un film entre douleur et espoir
Dans le rôle de cette tante infatigable, Cécile Bois livre une performance saluée par le Prix de la meilleure actrice au Festival de La Rochelle. « J’ai été attirée par le défi d’interpréter un personnage réel, mais surtout par l’urgence de raconter cette histoire », confie-t-elle à Ouest-France.
Éric Métayer, fidèle à son engagement pour dénoncer les violences faites aux enfants, a choisi de traiter ce sujet avec une grande pudeur. « J’ai (…) fait le choix d’enlever une grosse partie de ce dossier, car il est insoutenable. Je n’ai pas besoin de montrer une enfant se faire frapper par exemple, on le comprend autrement à l’image. Je ne voulais pas que les spectateurs abandonnent, sinon ils n’entendront pas le message », explique-t-il dans un entretien à Ouest-France.
Karine est aujourd’hui âgée de 27 ans et mère d’une petite fille. Dans une interview accordée à 20 minutes, elle reconnaît que cela « fait un peu bizarre de voir sa vie à l’écran », et que le film retrace bien la réalité, « même si ça a été vraiment allégé par rapport à ce que j’ai vécu ».
Un appel à repenser la protection de l’enfance
Le cas de Karine illustre les défaillances systémiques de la protection de l’enfance en France. Selon un rapport de la Ciivise, 160 000 enfants sont victimes d’agressions sexuelles chaque année. Laurence Brunet-Jambu milite activement pour une réforme structurelle. « On nous dit que le souci est qu’il n’y a pas assez d’argent : c’est vrai, allez, à 40 %. L’ASE a déployé beaucoup de moyens pendant plusieurs années chez les parents de Karine… Ils n’ont servi à rien. C’est le système qu’il faut repenser », interpelle-t-elle dans les pages d’Ouest-France.
À la tête de l’association Alexis Danan, Laurence Brunet-Jambu est devenue l’une des voix qui compte en France sur la question des maltraitances. Elle appelle à une vigilance accrue et à une meilleure formation des magistrats, soulignant que « le courage peut parfois nous faire défaut. Aux victimes, j’ai envie de dire qu’il faut se battre, se faire entendre pour se sentir respectés ».