Le régulateur antitrust américain voit d’un très mauvais œil la mainmise de Google sur le Web et pourrait forcer l’entreprise à démanteler son empire.
Le démantèlement de Google, cela fait des mois, voire des années qu’on en parle. Jusqu’ici, le géant du Web est toujours parvenu à esquiver cette épée de Damoclès à grand renfort de lobbying. Plus pour très longtemps ? Des sources de Bloomberg au sein du ministère de la Justice américain affirment que, cette fois-ci, ce serait la bonne, et que Chrome pourrait bientôt faire cavalier seul.
Quel est le problème avec Chrome ?
Ce qui inquiète l’antitrust américain, c’est bien la concentration des forces chez Google. Pour rappel, la filiale d’Alphabet doit environ la moitié de son colossal chiffre d’affaires annuel à la vente d’espaces publicitaires. Des espaces parfaitement ciblés grâce aux nombreuses données que le moteur de recherche éponyme et le navigateur Chrome récupèrent sur les internautes.
Autrement dit : Chrome offrirait un avantage concurrentiel abusif à Google pour rester leader de la publicité en ligne. Et les récentes annonces de la firme américaine concernant les futurs développements du navigateur ne font rien pour rassurer le ministère américain.
Bientôt, le chatbot Gemini, alimenté par IA, s’invitera partout et pourra même effectuer des achats et des réservations à votre place – collectant au passage toujours plus de données personnelles et renforçant ainsi la pertinence des publicités ciblées.
Pour le ministère de la Justice, il est urgent d’agir
Plusieurs pistes s’offrent ainsi au régulateur pour tenter d’endiguer le monopole. La première est sans doute la moins contraignante pour Google. Le géant du Web pourrait être forcé de partager les résultats de recherche de son moteur surpuissant avec la concurrence. Un ruissèlement qui lui permettrait de montrer patte blanche et d’échapper à la seconde piste, plus coercitive.
Car Chrome pourrait être séparé de l’entité Google et devenir une entreprise à part entière. La forme que prendrait ainsi le navigateur est encore floue. Nécessitera-t-il toujours un compte Google pour accéder à la synchronisation ? Nos données personnelles seront-elles détenues par l’entreprise Chrome ou Google continuera-t-il d’en bénéficier par le truchement des datacenters ? On l’ignore encore.
Google, de son côté, se prépare à une bataille décisive et invoque, comme souvent, une menace qui pourrait « nuire aux consommateurs, aux développeurs et au leadership technologique américain au moment même où il en a le plus besoin ». Le verdict est attendu pour le mois d’août 2025.