Une semaine après la sortie de sa troisième saison, Hippocrate est une nouvelle fois loué pour son réalisme. Celui-ci s’explique notamment grâce au parcours de Thomas Lilti, son auteur, qui, par le passé, a lui-même officié à l’hôpital.
Après trois ans d’attente, Hippocrate est de retour avec de nouveaux épisodes. Toujours empreints de réalisme, certains les trouvent plus politiques. De fait, ce troisième chapitre prend place après la crise du Covid-19, évoquée à la fin de la deuxième saison, qui dressait un état des lieux de l’hôpital avant la pandémie.
« C’est sans doute pour ça qu’elle est plus politique, plus violente, déclare Thomas Lilti dans un récent entretien accordé au Monde. On a applaudi les soignants quelques semaines aux fenêtres, et trois ans plus tard, ils ne sont plus là, ils se sont barrés, ils en ont eu marre. L’engagement, la volonté de bien faire son métier ne suffisent plus. »
Une série nourrie d’expériences personnelles
Thomas Lilti parle en connaissance de cause. Avant de se tourner vers le cinéma, qui l’attirait déjà, et de réaliser les films Hippocrate (2014), Médecin de campagne (2016) et Première année (2018), celui-ci était médecin généraliste. Ce choix de carrière a d’abord été motivé par l’envie de satisfaire son père, officiant également dans cette branche.
Tout naturellement, son œuvre s’articule ainsi autour d’un sujet qu’il maîtrise et se nourrit de son expérience personnelle. Des longues et rigoureuses études, marquées par la rivalité, aux manques de moyen sur le terrain, qui s’amplifient année après année, en zone urbaine comme rurale, rien ne lui échappe.
Par ailleurs, Thomas Lilti a également fait l’expérience du Covid aux urgences. « Notre hôpital (de fiction) devient inactif au moment où les autres hôpitaux tournent à plein régime, explique-t-il au cours du même entretien. Je décide de retourner travailler, pas du tout pour amasser du matériel de fiction, mais dans un esprit de personne engagée et aussi par culpabilité de ne rien faire. Et je me prends de plein fouet la réalité de ce que je raconte depuis quelque temps dans Hippocrate. »
Un cadre universel qui séduit le public
Étant ancrée dans la conjoncture hospitalière, il n’y a, en somme, rien d’étonnant à ce que la série parvienne à anticiper le quotidien des médecins. Cette capacité à dépeindre ce milieu avec autant de pragmatisme séduit le public qui, lui aussi, subit les conséquences des urgences contraintes à fermer la nuit, du tri des patients, parfois livrés à eux-mêmes, qui en découle en raison de services surchargés.
À cela s’ajoutent une tension permanente qui retient l’attention et un cadre qui, traversé par tout un chacun pour divers motifs, en devient universel. La projection, bien souvent du côté des patients, est alors plus aisée et, chez les plus jeunes, des vocations se révèlent parfois. Plus largement, si Hippocrate se distingue en France, ces éléments expliquent sans doute le succès des programmes médicaux parmi lesquels se comptent Urgences, Dr. House, Grey’s Anatomy ou encore The Good Doctor pour n’en citer que quelques-uns.