Entretien

London Grammar pour The Greatest Love : “Cet album est celui de la maturité et de la confiance en soi”

06 octobre 2024
Par Pablo Baron
London Grammar.
London Grammar. ©Tarek Jawad

Le groupe britannique de pop indie fait son grand retour avec un quatrième album intitulé The Greatest Love sorti le 13 septembre dernier. À cette occasion, L’Éclaireur est allé à leur rencontre vendredi dernier, juste avant leur showcase à la Fnac des Ternes.

Après leur dernier albumCalifornian Soil, sorti en 2021, le groupe originaire de Nottingham, London Grammar, revient en force avec ce nouveau disque aux titres électro planants. La voix angélique d’Hannah Reid est toujours rythmée par les percussions de Dot Major et la guitare de Dan Rothman. Ce nouvel album, fruit de deux ans de travail intense, a tous les ingrédients pour nous émouvoir. Il traite ainsi de thèmes intimes et profonds qu’ils ont longuement explorés durant leur trentaine.

En concert au Zénith de Paris le 31 octobre prochain, London Grammar est d’abord passé par la Fnac des Ternes, le 27 septembre dernier, pour un showcase exceptionnel. À cette occasion, L’Éclaireur a pu rencontrer la formation britannique.

The Greatest Love semble marquer une évolution par rapport à vos précédents albums. Quels thèmes avez-vous choisi d’explorer cette fois-ci ?

Hannah Reid : Cet album parle avant tout du fait de trouver l’amour et en quelque sorte de trouver son amour propre. Si vous n’avez pas d’estime pour vous-même, vous ne pouvez pas vraiment aimer quelqu’un d’autre, ou faire quelque chose qui en vaille la peine.

Couverture de The Greatest Love. ©London Grammar

Chacun de vos albums possède une identité unique. Les voyez-vous comme les reflets des différentes phases de votre vie ?

Dot Major : À 100 %. Je pense que c’est exactement ce qu’ils sont. Celui-ci encore plus que les autres. S’aimer soi-même, c’est aussi devenir plus confiant, se comprendre un peu plus profondément, être plus à l’aise dans sa peau. C’est ce que l’on a essayé de faire avec ce nouveau disque.

Clip de House de London Grammar.

Dan Rothman : C’est principalement le processus pour gagner cette confiance que l’album incarne. C’est aussi la première fois que nous avons notre propre studio. Nous avions l’habitude d’aller dans un studio commercial et de devoir tout faire en peu de temps. Maintenant que nous avons notre propre studio, nous avons plus de contrôle et expérimentons davantage de choses : nous pouvons y passer des jours entiers !

Avez-vous collaboré avec de nouvelles personnes pour cet album ? Qu’en est-il de votre processus créatif ?

D. R. : Tous ceux qui ont travaillé avec nous par le passé ont également travaillé sur celui-ci. Notre producteur Tim Bran, notamment, est là depuis le début et nous n’avons pas de musiciens extérieurs.

H. R. : Concernant l’écriture des chansons, c’était à peu près comme les autres albums. C’est véritablement le studio qui a changé la donne. C’est vraiment devenu notre maison. Cette expérience dans notre propre studio nous a rendus plus prolifiques et autonomes.

Hannah, votre voix est au cœur de l’identité de London Grammar. Pour cet album, avez-vous exploré de nouvelles techniques vocales ?

H. R. : C’est vrai que j’ai lutté avec ma voix ces dernières années, car je pense l’avoir surmenée durant ma vingtaine. En revanche, The Greatest Love m’a permis de retrouver confiance en moi et confiance en ma voix, même si cela a pris du temps.

Dans le titre Kind of Man, vous critiquez le machisme et les relations toxiques dans les industries créatives, mais la chanson est bien plus solaire que triste. Pourquoi avoir fait ce choix ?

H. R. : Je pense qu’il y a plusieurs chansons dans cet album qui possèdent des paroles sarcastiques. On voulait prendre le contre-pied. Dans ce titre, je me moque de ce genre d’homme qui me traite avec condescendance ou qui me fait sentir mal par rapport à l’art que je produis. C’est une chose qui arrive souvent et que je voulais partager de manière innovante.

Clip de Kind of Man de London Grammar.

D. M. : Je pense que c’est une façon intelligente de parler de la masculinité toxique, car elle est plus fourbe qu’on le pense. En la décrivant de cette façon, on arrive peut-être mieux à l’imaginer.

London Grammar a connu un succès durable dans une industrie où beaucoup de groupes n’y parviennent pas. Comment expliquez-vous ce succès et cette forte connexion que vous maintenez en tant que groupe ?

D. R. : Je pense que nous avons, tous les trois, travaillé sur nos relations. C’est de longues années de travail qui aboutissent à une sorte de confiance individuelle et collective.

D. M. : Je pense qu’en tant qu’individus, lorsque les relations sont bonnes, l’art est meilleur et se nourrit collectivement !

Vous avez une relation semblable à celle que peuvent avoir des frères et sœurs ?

London Grammar (ensemble) : Oui, tout à fait !

H. R. : Cependant, il y a eu de vraies tensions qui ont miné notre créativité, et c’est normal, cela fait partie de la vie d’un groupe. Mais ce qui nous unit, c’est notre sens de l’humour. Il y a des choses que je trouve drôles et que personne ne trouve drôles. Fort heureusement, je sais que Dan et Dot les trouveront drôles [Rires]. Nous sommes si stupides, dans le bon sens du terme, derrière les portes closes, même dans nos moments difficiles.

Pouvez-vous nous parler de l’équilibre entre le son organique et le son numérique présents sur l’album ?

D. R. : C’est vraiment un défi parce que nous avons tous des goûts différents. Individuellement, nous aimons les sons électroniques et nous apprécions les différents points de vue. En fonction de la chanson, il se peut qu’une personne l’oriente dans une direction. Fort heureusement, nous arrivons souvent à trouver un consensus.

D. M. : La vision finale d’une chanson peut être très différente de l’originale. Sans oublier que parfois les gens l’aiment et parfois non. Cela dépend des réactions du public. C’est une bataille constante.

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Quels sont vos prochains projets et comment vous sentez-vous à l’idée de jouer ces nouvelles chansons en live ?

D. R. : Nous sommes très enthousiastes. D’autant plus que la dernière fois que nous avons joué, c’était pendant la pandémie, nous étions donc limités. Maintenant, nous allons jouer au Zénith de Paris à la fin du mois d’octobre. Cela fait longtemps que nous n’avons pas joué comme ça dans la capitale !

London Grammar, The Greatest Love Arena Tour, billetterie par ici.

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